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PARIS LA BLANCHE

un film de Lidia Leber Terki.

Ne serait-ce que parce qu’elle a choisi de faire un film sur ceux qu’on ne voit que très rarement au cinéma, Lidia Leber Terki mérite d’être saluée. Et puisque, en outre, elle a conçu et réalisé un film en tout point délicat, sensible et touchant, elle mérite encore davantage que nous remarquions son travail et lui adressions notre gratitude. Ceux dont il est question ici et qui n’apparaissent que parcimonieusement dans les films, ce sont les immigrés venus du Maghreb pour travailler en France au cours des années 60 et 70 et qui donc aujourd’hui sont à l’âge de la retraite.

L’un d’eux, prénommé Nour, a passé 48 ans en France, dans une cité de la banlieue parisienne, il a travaillé dans le bâtiment, et, durant tout ce temps, il n’a cessé d’envoyer de l’argent à sa femme Rekia et à ses enfants restés en Kabylie. Et voilà que plus rien ne leur parvient, ni argent ni nouvelles, depuis plusieurs mois. Inquiète, mais sans rien révéler de ses intentions à ses enfants, Rekia décide de faire le voyage, de venir en France, à Paris, de retrouver son mari et de le ramener au pays.

C’est ce voyage que raconte le film, un voyage qui ressemble un peu à une errance car Rekia ne sait pas exactement où trouver Nour. Heureusement pour elle, lorsque, épuisée, elle s’effondre sur un trottoir, il se trouve des « bons samaritains » pour la secourir. Et, en particulier, Tara, une « bonne samaritaine » qui, émue par la détresse de cette femme, se donne sans compter pour la soutenir et l’aider dans sa recherche. Le lieu commun selon lequel on ne fait pas de bons films avec des bons sentiments se trouve parfois contredit et il l’est ici de la façon la plus remarquable. Car, manifestement, la réalisatrice croit en la force de la compassion et en celle de la solidarité, et ce qu’elle propose à notre regard est de toute beauté.

Grâce au secours indéfectible de Tara et de ses amis, il est donc possible que Rekia retrouve l’homme qu’elle aime, son mari qui ne lui donne plus de nouvelles. Mais pourquoi ce silence précisément ? Que s’est-il passé ? Les années et la lassitude ont-elles usé la tendresse de l’homme ? Acceptera-t-il de rentrer au pays avec Rekia ? De quelle identité peuvent se prévaloir les immigrés quand ils ont passé la majeure partie de leur vie en France ?

Sans faire de discours, habilement, en contant une histoire toute simple et néanmoins riche en émotions, le film nous invite à nous poser ces questions et d’autres encore. Gardons-les en mémoire quand nous verrons, ici ou là, l’un ou l’autre de ces travailleurs immigrés, trop souvent ignorés ou négligés.

NOTE:  7,5/10

Luc Schweitzer, ss.cc.