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PUPILLE

Un film de Jeanne Herry.

 

C’est l’histoire d’une rencontre : celle de Théo, un bébé né sous x, et d’Alice (Élodie Bouchez), une femme de 41 ans, qui devient sa mère adoptive. Avant d’en arriver là, le film décline tout le chemin qu’il a fallu parcourir et nous introduit dans l’intimité de tous les intervenants, de tous ceux (et surtout toutes celles) qui prennent leur part pour assurer au mieux, autant que faire se peut, l’avenir du nouveau-né.

Le film, évidemment, n’est pas dépourvu d’un aspect didactique puisqu’il explore le long et lent processus de l’adoption, mais c’est un aspect qui semble presque secondaire en regard de la justesse et de l’intensité que dégagent les nombreux personnages. Il est intéressant, d’ailleurs, de remarquer que la réalisatrice a pris soin d’éviter tout jugement autant que toute glorification des protagonistes. Même la mère du petit Théo, que rencontre longuement une assistante sociale et qui décide néanmoins d’abandonner l’enfant, n’est jamais filmée de façon hautaine (encore moins méprisante).

Il n’y a pas davantage de héros dans ce film, mais des travailleurs sociaux qui, même si leurs vies sont loin d’être parfaites, savent, quand c’est nécessaire, se soucier par-dessus tout du bien-être de l’enfant. Plus d’un a ses propres faiblesses, ses propres défaillances, comme Gilles Lellouche qui, au début du film, semble fatigué de tout, ou comme Sandrine Kiberlain qui avale bonbon sur bonbon pour compenser sa solitude affective, mais quand il s’agit de l’enfant, tous se montrent capables du meilleur. Et tous ont pour souci premier, comme le dit l’un d’eux, non pas de combler la carence de couples en mal d’enfant, mais de trouver, autant qu’il est possible, le (ou les) meilleur(s) parent(s) pour l’épanouissement de l’enfant. C’est d’autant plus important que, alors qu’on a affaire à un bébé, celui-ci semble déjà être perturbé par ce qui s’est passé à la maternité.

Au moyen de quelques flashbacks, Jeanne Herry montre aussi la longue patience qu’il faut à Alice avant d’être enfin désignée mère adoptive (non sans débats houleux du côté des travailleurs sociaux dont les avis diffèrent beaucoup). Son statut se modifie d’ailleurs au cours du temps : au début de sa démarche, elle vit en couple et c’est le couple qui fait la demande, alors qu’au bout du compte, quand enfin sa demande aboutit, elle est séparée et vit désormais seule. Or précisément, une loi vient d’autoriser l’adoption même en cas de monoparentalité. Exerçant, dans un théâtre, le beau travail d’audiodescriptrice  pour les non-voyants, ce personnage, formidablement joué par Élodie Bouchez, est, sans nul doute, un des plus émouvants du film.  Un film remarquablement construit, à la fois très documenté et très romanesque.

NOTE:  8/10

Luc Schweitzer, ss.cc.