Homélies du dimanche ….

Dimanche 17 décembre 2023 – 3ème dimanche de l’Avent

Dimanche de la joie (Gaudete)

Le mot latin « Gaudete » veut dire « Réjouissez-vous ! » La joie est-elle possible, dans ce monde imparfait ? Oui, nous répond l’Écriture. Mais elle ne saurait être réelle, pour nous chrétiens, que si elle repose sur la perception du cheminement de Dieu dans le monde.

Cette joie sera donc paradoxale, aux yeux de ceux qui ne voient que l’apparence. Aussi est-elle réservée aux « pauvres », « Anawim » c’est-à-dire à ceux dont le cœur est réellement disponible à Dieu. Ceux-là découvrent Dieu présent aux racines de leur vie.

Dans le prologue de son évangile, Jean montre comment le Verbe de Dieu, mystérieusement à l’œuvre depuis l’origine du monde, se rend présent parmi nous, en la personne de Jésus. Jean-Baptiste, que certains prenaient pour un Messie, s’est effacé devant le Messie, caché aux yeux des hommes. Toute sa gloire et sa joie lui viennent de ce rôle de témoin de la mystérieuse œuvre divine.

En ce moment où nous nous préparons à célébrer le Mystère de l’Incarnation, essayons de repérer tout ce qui peut être signe d’espérance, signe d’une joie profonde. Portons toutes ces lumières devant la crèche, et surtout au moment où nous recevons le Pain Vivant dans l’eucharistie. Toutes les lumières artificielles du monde ne sauront remplacer les lumières que nous allumons par nos gestes d’accueil et de partage.

Christian Malrieu

 

Dimanche 2 juillet 2023 – 13ème dimanche du temps ordinaire

Prendre la croix du Christ c’est choisir un chemin qui conduit à la vraie vie

     Prendre sa croix ne doit pas être compris dans la résignation et le dolorisme. Il s’agit de prendre la croix du Christ comme on prend un chemin qui conduit à la vraie vie. Suivre le Christ dans sa rencontre avec les exclus, le suivre sur le chemin de la non-violence et du refus de la haine. Prendre sa croix, c’est porter une bonne nouvelle, car la croix du Christ est devenue l’arbre de vie. La mort a été vaincue, Christ est ressuscité. Il y a un chemin même à travers la mort.

Prendre sa croix, c’est la planter dans toutes les situations qui paraissent sans issue, c’est la planter dans tous les lieux où il n’y a plus d’espérance et de joie de vivre. Prendre sa croix, c’est prendre avec le Christ la décision de vivre. Ce que Dieu attend de nous, ce n’est pas la souffrance, c’est l’amour. Ce sont des choix de vie inspirés par l’amour. La croix du Chrétien, c’est la conséquence de sa fidélité au message d’amour du Christ.

Aimer le Christ nous apprend à aimer les autres. Aimer le Christ, c’est entendre sans cesse :  »Aimez-vous les uns les autres ».

« Quiconque ne donnera rien qu’un verre d’eau fraiche », celui-là accomplit tout l’Evangile.

Le Christ ne nous appelle pas à l’héroïsme, mais à l’acte le plus simple, le plus facile, le plus naturel : donner un verre d’eau. Oui, toute la perfection chrétienne, tout le Royaume est contenu dans cet acte d’amour à la portée de tout homme, quel qu’il soit.

C’est dans les petites choses du quotidien (accueil, service, écoute, partage) que se joue la sincérité de notre témoignage. Gardons en mémoire cette parole de Saint Augustin :  »La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure ».

La mort du jeune Nahel, à Nanterre, nous ramène à la triste réalité de la violence. Suivre « le chemin du Christ » est à l’opposé de cette situation. Suivre le chemin du Christ passe nécessairement par une éducation au respect, à la connaissance de nos différences dans nos quartiers… Personne ne semble avoir la solution idéale. Depuis l’année 1985 avec le fameux slogan « Touche pas à mon pote » on aurait pu croire à un changement radical et à une meilleure intégration de la jeunesse des cités dites « populaires ». Qu’en est-il réellement ? Où est la vraie vie dans ce climat explosif ?

Ouvrons notre cœur au Christ !

Que l’été soit paisible pour chacune et chacun de vous !

Michel Scouarnec – Christian Malrieu

 

Dimanche 25 juin 2023 – 12ème dimanche du temps ordinaire

Action de grâce !

Comme prévu nous allons rendre grâce pour le vécu de cette année pastorale au cours de la messe de 11h00 ce dimanche.

Que veut dire « rendre grâce » ?

« C’est reconnaître en Dieu l’origine de tout ce qui est bon. C’est un des premiers mots de la prière eucharistique, de ce que nous appelons « préface ». L’Eucharistie, c’est-à-dire l’action de grâce, c’est le sacrement central de la vie chrétienne. Vivre dans l’action de grâce nous donne aisance, légèreté : nous devenons gracieux dans tous les sens du mot.

Et cela ne dépend ni de l’âge ni de la beauté physique. Nous partageons alors la joie d’exercer nous aussi la bienveillance divine, qui est universelle » nous dit Marcel Domergue, jésuite.

Qu’est-ce qui a été bon pour nous cette année ?

Différentes équipes nous partageront « ce qui a été bon » pour elles tout au long de cette année écoulée. Tout en partageant cela, elles nous inviteront à entrevoir l’avenir, et déjà à nous préparer pour la prochaine année pastorale.

Nous dirons merci à Luc pour tout ce qu’il nous a permis de vivre dans la foi et ses multiples connaissances culturelles durant les neuf années à Saint Gabriel.

Cette action de grâce se fera en deux temps : au moment de l’homélie et après la communion.

Nous pouvons reconnaître que tout n’a pas été « bon » !

Bien sûr, l’événement de la semaine dernière n’a pas été quelque chose de « bon ». Mais il tient en éveil notre manière de vivre à temps et à contre temps ce que nous appelons « la charité » qui est la plus grande des trois vertus théologales. (La foi, l’espérance et la charité)

L’action de grâce ne doit pas nous rendre aveugles des difficultés du moment : bien au contraire.

Christian Malrieu

 

Dimanche 18 juin 2023 – 11ème dimanche du temps ordinaire

Fête du Sacré-Coeur et « drame de la misère »

     L’incendie qui s’est déclaré lundi 12 juin aux portes de l’église Saint Gabriel nous place devant la dure réalité des personnes de la rue et particulièrement des femmes.

Depuis plus d’un an nous nous étions « familiarisés » avec Jennifer. Elle avait entassé peu à peu tout ce qui lui paraissait important pour elle. C’était devenu sa « garde-robe » son « dressing » : au point que cela dérangeait beaucoup de personnes…

Plusieurs tentatives de mise à feu, certainement pour la déloger de ce lieu,  ont échoué. La troisième tentative étant très importante a « réussi » à mobiliser près d’une centaine de pompiers et presque autant de policiers… Ce vendredi matin, le site vient d’être nettoyé par la Ville de Paris.

Jennifer ayant été mise à l’écart quelques jours, la voilà revenue dans la rue ! Ce n’est pas sans essais, depuis plusieurs mois, de vouloir l’aider, de trouver un logement, une certaine stabilité… mais rien n’a pu être fait avec de bons résultats. Bien des services sociaux, associations, mairie, paroisse…ont essayé sans effets.

Nous faisons là l’expérience de la fragilité et de l’impuissance devant ce type de « drame de la misère ».

En la fête du Sacré-Cœur, où j’écris ces quelques lignes, je m’interroge : comme devant le cœur aimant du Christ offert à tous, nous pouvons parvenir à aimer Jennifer et tout ce que sa vie traduit de souffrances, de mal être… Des « Jennifer » il y en a beaucoup. Celles et ceux qui font régulièrement les maraudes en témoignent. Nous-mêmes nous en voyons également.

Le drame que nous vivons avec cet événement fait bouger un peu « les lignes » mais sans solution durable. De toutes façons nous ne devons pas nous résigner à ces situations en nous disant que nous n’y pouvons rien.

Jésus lui-même en son temps nous a averti en disant en Mc 14,7 : « Des pauvres vous en aurez toujours avec vous et vous pourrez leur faire du bien chaque fois que vous le voudrez… » Essayons de faire du bien car Dieu est Amour sans limite.

Que les jeunes qui vont faire « profession de foi » ce dimanche comprennent bien tout cela et deviennent peu à peu témoins et missionnaires de cet Amour.

 

Christian Malrieu

 

Dimanche 11 juin 2023 – Le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

« Christ présent au monde »

    Ce dimanche, encore tout illuminés de la lumière de la Résurrection, pleins de la force de l’Esprit de Vérité reçu à la Pentecôte, dans l’intimité de la Sainte Trinité vers laquelle nous avons été orientés dimanche dernier, nous faisons retour sur le Jeudi Saint et le mystère de l’Eucharistie. Dans le signe du pain et du vin offerts, livrés, partagés, consommés ensemble, Christ veut se rendre présent au monde, pour nourrir chacun. Ce sacrement est le mode éminent de sa sollicitude pour l’Église et l’humanité entière : il offre la vraie nourriture, celle qui rassasie pour toujours, celle qui apporte à l’homme la vie éternelle et lui permet de participer à la Résurrection, la victoire sur toute mort.

On ne finira jamais de méditer sur l’Eucharistie et sur ses conséquences dans notre vie concrète. On n’a pas le droit de croire avoir tout compris. Elle est toujours nouvelle. Car la présence que nous fêtons n’a rien de statique. Si Christ se rend réellement présent durant la messe, ce n’est pas seulement pour que nous puissions le contempler plus ou moins passivement. Il s’offre au Père pour que nous puissions offrir notre vie en communion avec lui. Il se donne en partage, pour que nous puissions communier à sa vie. Il nous dit de faire la même chose en mémoire de lui : qu’est-ce à dire ? Seulement célébrer des rites commémoratifs ?

La vie que nous recevons dans l’Eucharistie est faite pour être distribuée à la foule. Offrir notre vie en sacrifice au Père avec le Christ ne s’arrête pas à la messe du dimanche. Chaque semaine nous venons communier au Christ réellement présent pour fortifier notre union au Christ dans la foi et le baptême, mais aussi pour nous rappeler que nous sommes le Corps du Christ présent dans le monde. Donc comme le Christ, en son Nom que nous portons, nous devons aller vers le monde et le rendre présent. Nous sommes la présence réelle du Christ ressuscité auprès des personnes que nous côtoyons.

Ce dimanche, des enfants et des jeunes de notre paroisse communient au Corps du Christ pour la première fois. Ils ont pris le temps de se préparer, ils sont accompagnés par des parents et des catéchistes. Prions pour que cette étape sur leur chemin de foi soit, pour chacun d’eux, un encouragement à poursuivre inlassablement leur quête de Dieu dans l’amour du prochain. Que ce rendez-vous avec Jésus Eucharistie se renouvelle tout au long de leur vie !

Luc Schweitzer, ss.cc.

 

Dimanche 4 juin 2023 – La Sainte Trinité

« Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ! »

     Chrétiens, nous avons été baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Quand nous commençons une prière, nous nous marquons du signe de la croix sur le front, le cœur et les épaules pour invoquer Dieu au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit : c’est la Trinité.

Le Dieu révélé par Jésus-Christ est un Dieu tout à la fois Père, Fils et Esprit. Il n’est pas un être figé ou monolithique. Il y a en lui, entre ces trois personnes, une circulation d’amour permanente, vivante et dynamique qu’il a souhaité nous faire partager en s’incarnant dans notre condition humaine, en Jésus.

Nous croyons que nous avons été créés à l’image de Dieu. Il y a donc en chacun de nous quelque chose de la Trinité et notre vie doit pouvoir témoigner des relations d’amour qui existent entre ces trois personnes.

À l’image du Père nous sommes invités à poursuivre son œuvre de création, dans le respect de la dignité de tous les êtres vivants et de la nature. Invités surtout à être des créateurs de liberté, pour permettre à ceux qui nous entourent de trouver la vérité de leur être, de s’accomplir et d’exister pleinement, sans dépendance à personne.

À l’image du Fils, nous sommes invités à rendre grâce à Dieu pour les dons que nous avons reçus et pour lesquels nous n’avons aucun mérite. Invités à être à l’écoute de ceux qui sont mis sur notre chemin, particulièrement des plus pauvres et de ceux qui souffrent, en nous faisant le serviteur de tous.

À l’image de l’Esprit nous sommes invités à vivre des relations d’amour désintéressées qui ne soient ni dépendantes, ni dominatrices. Invités à construire des ponts faits de relations libres, de cette juste liberté qui permet de donner et de recevoir dans le respect absolu de l’autre.

À Nous ne croyons pas en trois dieux, mais en un seul Dieu en trois personnes. Chacune des trois personnes est Dieu tout entier. Chacune des trois personnes n’existe qu’en union avec les deux autres dans une parfaite relation d’amour. Ainsi toute l’œuvre de Dieu est l’œuvre commune des trois personnes et toute notre vie de chrétien est une communion avec chacune des trois personnes.

Pascal Blavot

Dimanche 28 mai 2023 – Pentecôte

« Rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps »

     L’Esprit n’est pas un nouveau personnage arrivant au moment où l’on célèbre la fête juive de Pentecôte, 50 jours après la Pâque. Déjà, l’évangéliste Jean situe le don de l’Esprit le soir de la résurrection. Et souvenons-nous, avant même la Création, l’Esprit est présent. Et dans les évangiles, il « couvre de son ombre » la Vierge Marie à l’Annonciation ; il « descendit sur Jésus » lors de son baptême au Jourdain ; et sur la croix, le Christ « remit l’Esprit ». À l’œuvre dans la nouvelle Création, l’Esprit rend témoignage de l’action de Dieu.

 

Malgré cela, le soir de Pâques, les disciples sont encore enfermés et apeurés. On pourrait dire qu’ils ne sont pas sortis du tombeau, ils sont encore morts avec le Christ ; ils sont comme « vidés » d’espérance. La présence parmi eux du Ressuscité met fin à cette situation et les remplit de joie. L’Esprit du Ressuscité est à l’œuvre.

 

Dans l’expérience qu’en font les Apôtres, l’Esprit ne se surajoute pas au Christ, puisqu’il est l’Esprit de Jésus ressuscité, mais leur donne, comme à nous, la certitude de sa présence. Il met sur nos lèvres les mots de la foi et de la confiance car, sans l’Esprit Saint, personne ne peut dire que « Jésus est Seigneur ». Ces mots sont le résumé, le même dans toutes les langues, de la confession de foi des Apôtres.

 

L’autre conséquence du don de l’Esprit est l’unité que traduit une communion sans limite rassemblant tous ceux qui sont dispersés. Nous devenons un seul corps dans le Christ.

 

Dimanche 21 mai 2023 – 7ème dimanche de Pâques

« Les communication sociales au service de l’Évangile ? »

Nous célébrons la Journée mondiale des communications sociales chaque année le dimanche suivant la fête de l’Ascension.

Parler avec le cœur, « Selon la vérité, dans la charité » (Ep 4, 15)

C’est le thème retenu par le Pape François pour la 57ème journée mondiale des communications sociales du 21 mai 2023. Le Pape François lui-même nous l’indique dans son texte publié en janvier 2023. En voici quelques extraits, à méditer.

Comme il y a 60 ans, nous vivons aujourd’hui une heure sombre où l’humanité craint une escalade de la guerre, qu’il faut endiguer au plus vite, y compris au niveau de la communication. On est consterné d’entendre avec quelle facilité sont prononcées des paroles appelant à la destruction de peuples et de territoires. Des propos qui, malheu-reusement, se transforment souvent en actions guerrières d’une violence féroce. C’est pourquoi toute rhétorique belliqueuse doit être rejetée, de même que toute forme de propagande qui manipule la vérité, la défigurant à des fins idéologiques. Au contraire, il faut promouvoir à tous les niveaux une communication qui aide à créer les conditions pour résoudre les conflits entre les peuples…

Communiquer cordialement signifie que celui qui nous lit ou nous écoute est amené à saisir notre participation aux joies et aux craintes, aux espoirs et aux souffrances des femmes et des hommes de notre temps. Celui qui parle ainsi aime l’autre parce qu’il se soucie de lui et veille sur sa liberté, sans la violer. Nous pouvons voir ce style dans le mystérieux Voyageur qui converse avec les disciples sur le chemin d’Emmaüs après la tragédie advenue sur le Golgotha. Jésus ressuscité leur parle avec le cœur, accompagnant respectueusement le chemin de leur douleur, se proposant plutôt que s’imposant, leur ouvrant avec amour l’esprit à la compréhension du sens plus profond de ce qui est arrivé. En effet, ils peuvent s’exclamer avec joie que leur cœur brûlait intérieurement tandis qu’Il conversait en chemin et leur expliquait les Écritures (cf. Lc 24, 32)…

 

Dimanche 14 mai 2023 – 6ème dimanche de Pâques

« De l’espoir à l’espérance ! »

     « Soyez prêts à tout moment à rendre compte de l’espérance qui est en vous à quiconque vous le demande », écrit Pierre dans la deuxième lecture de ce dimanche.

Tous, nous espérons quelque chose. Les parents espèrent le bonheur de leurs enfants. Le malade espère guérir. L’étudiant espère réussir son examen. Le chômeur espère trouver du travail. Le migrant espère être accueilli et trouver un refuge…

Sans l’espoir, l’homme, après tant de siècles de guerre, d’échecs, de désillusions, de misères aurait-il encore le courage de poursuivre son histoire ? L’espoir est si nécessaire à l’homme que sans lui la science ne progresserait plus, les couples cesseraient de faire des enfants, la vie s’arrêterait. L’homme qui n’espère plus s’arrête de vivre. Le désespéré est justement l’homme qui s’estime enfermé dans son passé ou son présent sans avenir possible.

« Rendre compte de l’espérance qui est en nous ». N’est-ce pas un beau programme en ce temps de Pâques ? Mais quelle espérance ? Celle de Pâques, bien sûr : par le Christ, la mort est vaincue, la mort ne peut avoir le dernier mot si nous faisons confiance en la puissance de la résurrection du Christ. Oui je crois que ma mort est une porte d’entrée dans la vie même de Dieu, une vie sans fin, une vie éternelle.

Rendre compte de l’espérance, c’est rendre des comptes sur la gestion de cette formidable espérance dont nous sommes dépositaires. Manifester que la résurrection du Christ est capable de changer nos relations personnelles et communautaires. Je m’engage pour faire respecter la vie, la dignité de tout homme, la défense du faible, du pauvre, de l’immigré. Je sais que rien ne peut rester comme ça, chaque homme est capable de changer, d’aimer et de travailler pour un autre monde : de justice et de paix.

Luc Schweitzer, ss.cc.

 

Dimanche 7 mai 2023 – 5ème dimanche de Pâques

« Église en chantier ! »

     Notre église Saint-Gabriel est en chantier et, dans huit mois, nous aurons la joie de la retrouver rénovée, repeinte et réaménagée. Nous allons la redécouvrir sous un aspect nouveau mais au-delà des aspects esthétiques c’est l’occasion de nous interroger sur ces espaces de prière, de liturgie et d’accueil qui sont à notre disposition. Que signifient-ils pour nous et comment les utilisons-nous ?

Le plateau liturgique va être étendu et en partie rehaussé pour permettre une meilleure visibilité de l’autel. Profitons-en pour nous interroger sur le sens de notre participation à l’eucharistie. Sommes-nous là côte à côte dans une démarche individuelle de piété ou sommes-nous heureux de retrouver nos frères et sœurs pour prier ensemble notre Père ? Et serions-nous prêts à mettre nos talents au service de la beauté des célébrations ?

L’espace d’accueil et d’information doit être revu. Profitons-en pour nous demander comment sont accueillies les personnes qui passent nous voir et qui sont souvent dans la peine, le besoin ou le désarroi. Comment les écoutons-nous et comment les aidons-nous à reprendre courage ? Comment pouvons-nous faire savoir à l’extérieur que tous ceux qui cherchent du réconfort sont les bienvenus dans notre église ? Serions-nous prêts à rejoindre l’équipe d’accueil pour imaginer de nouvelles propositions et participer au réaménagement des lieux ?

Dans une Église en chantier il faut faire preuve d’imagination et tout le monde peut trouver sa place. Le récit du livre des Actes des Apôtres nous permet de découvrir comment la communauté des premiers chrétiens, réunie autour des Apôtres, a organisé l’Église naissante en n’hésitant pas à innover. Par exemple, lorsque le service des tables laissait à désirer, la communauté des croyants rassemblée a discerné, appelé et institué sept d’entre eux pour prendre en charge ce service.

Nous sommes les pierres vivantes de l’Église. Et l’Église a besoin de nous pour mener à bien sa rénovation. Elle embauche… Sommes-nous prêts à répondre aux appels qui pourraient nous être lancés pour participer à ce chantier ?

Pascal Blavot

Dimanche 30 avril 2023 – 4ème dimanche de Pâques

« Jésus, le Vrai Pasteur ! »

     Jésus est le Vrai Pasteur. Vrai par opposition à tous les faux : gourous qui trompent leurs disciples trop confiants, éducateurs/formateurs, pervers et violeurs qui abusent de leurs pouvoirs, idéologues qui promettent le bonheur à peu de frais !

     Jésus, le Berger, est le véritable Berger, il connaît ses brebis, il les aime, il les appelle chacune par son nom. De même, les brebis reconnaissent le vrai berger, elles écoutent sa voix et elles le suivent. Ainsi, les brebis, sous la conduite du Berger, pourront atteindre ‘les prés d’herbe fraîche, les sources d’eaux vives’ ; elles auront ainsi la vie en abondance et obtiendront le salut.

Que Jésus nous conduise à Dieu son Père auquel il nous donne accès, telle une Porte, nous n’en doutons pas ! Que chacun de nous soit l’une de ses brebis, et même la brebis errante qu’il va chercher au fond de sa nuit, nous n’en doutons pas non plus ! – comme le dit l’apôtre Pierre : « vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent, vous êtes revenus vers le Berger qui veille sur vous ».

Jésus, « Le Bon Pasteur appelle ses brebis, chacune par son nom ». Ce nom ne dit-il pas cette vocation unique que nous avons tous reçue du Père le jour de notre baptême, et que nous apprenons maintenant à découvrir chaque jour davantage ?

Dimanche 23 avril 2023 – 3ème dimanche de Pâques

« Ce qui brûle dans le coeur ! »

 

     Ce n’est pas avec les yeux que l’on découvre le Ressuscité, mais en méditant les Écritures et en partageant le pain. Avant que les disciples d’Emmaüs comprennent ce qui s’est passé à Pâques, il faut que leur compagnon de route leur explique les Écritures et qu’il fasse le geste de la Cène (« Il prit du pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. »)

Les chrétiens eux aussi savent qu’il ne servirait à rien de “voir” de leurs yeux le Ressuscité. En revanche ils écoutent les Écritures et rompent le pain pour pouvoir reconnaître la présence invisible du Ressuscité. C’est à la table des Écritures et à celle de l’Eucharistie que l’on communie au Seigneur ressuscité.

On trouve déjà dans le récit des disciples d’Emmaüs les grands axes de la foi que Luc redira dans les discours de Pierre et de Paul dans le livre des Actes : selon les Écritures, Jésus de Nazareth a été rejeté et crucifié. Mais il est entré dans sa gloire ; il est ressuscité.

Le feu dans la Bible accompagne les manifestations divines du Sinaï. Les disciples reconnaissent : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous tandis qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » Par eux-mêmes les disciples sont bien incapables de réaliser ce qui s’est passé. Il faut une intervention divine qui est suggérée ici par l’image du feu qui brûle leur cœur.

Luc Schweitzer, ss.cc.

Dimanche 16 avril 2023 – Dimanche de la Divine Miséricorde

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »

     C’est la ‘Béatitude’ que le Seigneur ressuscité offre à chacun de nous. Car c’est un fait : nous ne sommes pas de ceux qui ont connu Jésus de Nazareth. Nous n’étions pas avec les disciples le soir du premier jour de la semaine. Et pourtant, notre foi n’est ni aveugle ni naïve : nous avons la lumière de ces évangiles écrits pour que nous croyions que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et que nous ayons la Vie en son nom.

La foi fait de nous des êtres nouveaux, ‘renés’ grâce à la résurrection de Jésus. Nous comprenons que l’amour est plus fort que la mort : c’est cela que Pierre appelle le ‘Salut’. Héritiers d’une promesse que nous recevons dans la foi, écoutons le témoignage de vie de la première communauté chrétienne. Il nous apprend à connaître Jésus sans l’avoir vu encore. Le modèle de vie communautaire un peu idéalisé qui nous est proposé dans les Actes des Apôtres nous laisse entrevoir ce que sera la vie fraternelle dans le Royaume.

     ‘C’était après la mort de Jésus, le soir venu…’ c’est la nuit de notre péché, de nos doutes, de nos violences, des obscurités au cœur de nos vies ! – Sachons y découvrir pourtant des signes d’Espérance – Par exemple, le témoignage exemplaire de nos cinq confrères religieux-prêtres qui seront béatifiés, samedi prochain, 22 avril 2023, en l’église St Sulpice à Paris : emprisonnés plusieurs semaines durant la Commune de Paris en 1871, retenus en otages durant ce temps de Pâques ; ils ont suivi et vécu la Passion, comme et à la suite de Jésus : le 26 mai 1871, dans le calme et la sérénité de leur foi, sans haine ni récrimination contre leur sort, ils furent conduits et fusillés rue Haxo, c’était un vendredi soir. Ils ont offert et donné leur vie pour que, dans notre société et notre monde, il y ait plus de Justice, de Paix et d’Amour. Par la célébration de la Béatification, l’Eglise reconnaît et veut donner en exemple ce magnifique témoignage de disciples de Jésus : ce sont des témoins authentiques de l’Amour inconditionnel de Dieu, offert  en signe de Paix pour toute l’humanité. C’est la Bonne Nouvelle du Seigneur Ressuscité : « Il n’y a pas de plus grande preuve d’Amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».

Alphonse Fraboulet, ss.cc

Dimanche 9 avril 2023 – Jour de Pâques

Le Seigneur est ressuscité. Alléluia !

Après quarante jours de Carême pour nous y préparer, nous voici arrivés au jour de Pâques. Mettons-nous, autant que faire se peut, dans l’état d’esprit de ceux qui ont découvert le tombeau vide : Pierre et Jean qui y vont en courant après avoir été alertés par Marie-Madeleine. Serions-nous plutôt dans l’attente et le questionnement comme Pierre ou déjà dans la confiance et l’abandon comme Jean ? Comme le dit le texte, « il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts », mais les disciples ne l’avaient pas compris.

La mort de Jésus était un passage vers la vie, comme le dit le mot même de Pâques. Nous savons ce que sont les passages puisque nous en expérimentons tout au long de nos vies : passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte, examens de passages de toutes sortes, passages du célibat à la vie de couple ou à la vie religieuse, passage de la vie active à la retraite, et, pour finir, passage de la vie terrestre à la vie éternelle. Nous sommes de passage, « passing through » comme chantait le regretté Léonard Cohen.

La fête de Pâques nous éclaire sur tous nos passages, elle leur donne un sens et une profondeur nouveaux. En célébrant la résurrection de Jésus, nous passons déjà avec lui de la mort à la vie, nous passons de la servitude du péché à la libération et au salut. Les nouveaux baptisés de Pâques nous le rappellent : par le baptême, nous sommes entrés dans une vie nouvelle avec le Christ et rien ne peut nous séparer de son amour. Alors, oui, nous pouvons chanter de tout cœur :  alléluia !  et rendre grâce au Seigneur qui fait des merveilles. Il est présent avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Luc Schweitzer, ss.cc.

Dimanche 2 avril 2023 – Dimanche des Rameaux et de la Passion

Jésus ou Barabas ?

 

Changer le monde

Tous les deux voulaient changer le monde, le monde religieux pour Jésus, le monde politique pour Barabas. Devant le puissant pouvoir religieux des dignitaires du Temple Jésus a été condamné à mort. Devant la foule chauffée par ces mêmes dignitaires Pilate relâche Barabas qui avait, lui, ameuté des foules contre le pouvoir Romain…

En ce dimanche où nous entendons et méditons sur la Passion de Jésus nous nous posons toujours la même question : pour parvenir au but défini quels moyens utilisons-nous ?

Jésus et Barabas avaient de belles idées. L’un prêchait la paix, la persuasion par le pardon et l’amour du prochain, l’autre par la violence et le renversement du pouvoir…

Devant la violence dont nous sommes témoins, devant le bien fondé ou non des manifestations, nous sommes amenés à réfléchir…

Quelle société voulons-nous construire ?

A quel projet de société pouvons-nous aspirer ? Nous croyons en une société où l’être humain est plus qu’un élément du processus économique ou technologique. La dignité de notre société se reconnait au respect des plus faibles de ses membres depuis le début de leur vie jusqu’à leur fin naturelle Un idéal de consommation, de gain, de productivité… ne peut satisfaire les aspirations les plus profondes de l’être humain qui sont de se réaliser comme personne au sein d’une communauté solidaire… » C’est bien pour cela qu’en tant que citoyens, mais aussi comme croyants, disciples de Jésus Christ, nous ne pouvons rester « hors course » de la vie publique, politique. Nous avons à prendre notre place, nous avons notre mot à dire pour que dans tout projet de société, la vie soit préservée de son commencement à sa fin. Que chaque personne soit respectée dans sa dignité. Que chaque famille puisse offrir pour ses enfants un cadre de vie qui les aide à grandir en humanité…

« Les laïcs doivent assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l’ordre temporel… et le rendre sans cesse plus parfait… Membres de la cité, ils ont à coopérer avec les autres citoyens suivant leurs compétences

particulières  (Vatican II – Décret sur l’apostolat des laïcs – § 7

Alors Jésus ou Barabas ?

Le récit de la Passion de Jésus est d’une extrême violence. Mais quel est le fin mot de cette violence ? Ceux qui son du côté de Barabas témoignent de la lâcheté devant le pouvoir politique (Pilate et Hérode) et devant le pouvoir religieux immuable dans ses convictions. On est prêt à relâcher un coupable ! Jésus fait le don de sa personne pour témoigner de son Père et témoigner que son message évangélique est universel. Mais comme dit la chanson de Guy Béart : « Cet homme a dit la Vérité, il doit être exécuté… » Ici on est prêt à crucifier un innocent !

Christian Malrieu

Dimanche 26 mars 2023 – 5ème dimanche de carême

« Réforme des retraites ? »

La dignité des travailleurs et travailleuses…

 Depuis plusieurs semaines nous sommes toutes et tous confrontés à cette réforme. Les débats à l’Assemblée Nationale n’ont pas donné, semble-t-il, une belle image démocratique alors que nous donnons souvent des leçons à d’autres pays qui le sont soit pas du tout ou bien moins que chez nous…

Dans ce débat faut-il attendre une parole de l’épiscopat ? Au-delà des prêtres et des évêques, l’Église se positionne sur la réforme des retraites par l’engagement des laïcs au sein des différents mouvements catholiques impliqués dans la vie économique et sociale, comme le Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC) ou le Mouvement chrétien des retraités (MCR). Avec parfois des options divergentes.

Ainsi, l’Action catholique ouvrière (ACO) a manifesté contre la réforme avec d’autres mouvements d’Église.

La doctrine sociale de l’Église, un appui pour évaluer tout projet de loi, pour nous chrétiens 

Le jésuite Grégoire Catta, directeur du service famille et société de la CEF, défend avec conviction que les questions sociales agitant le pays ne sont « pas étrangères à notre foi ; bien au contraire », elles le sont autant que les questions sociétales ou de bioéthique. « Nous avons sans doute besoin de le rappeler », estime-t-il. Il rappelle que le pape François accorde une place majeure à la question sociale dans son souci d’évangélisation.

Un encouragement à s’engager, mais en s’appuyant sur quelles ressources ? « La dernière grande encyclique sociale, c’est Fratelli tutti, qui se structure autour de la méditation de la parabole du Bon Samaritain, insiste Grégoire Catta. Cela ne va pas nous dire s’il faut bouger l’âge légal de départ à la retraite, mais cela nous permet de nous poser les bonnes questions avec le souci des plus faibles et des plus fragiles. » Nous allons revoir cela au moment du projet de loi sur la fin de vie, le droit à l’avortement dans la Constitution…

« Lazare, viens dehors ! » Jean 11, 43

Nous entendons ce cri de Jésus devant le tombeau de Lazare. Jésus leva les yeux au ciel et pria son Père. C’est le cri du Fils de l’Homme qui ne peut rester insensible à la peine, à la détresse, à la souffrance de l’humanité. Jésus a pleuré à cette occasion avec Marthe et Marie et la foule venue les soutenir. Ne pleurons pas sur le bord du chemin mais essayons de prendre part à la réflexion sur toutes ces questions sociales.

Christian Malrieu

 

Dimanche 19 mars 2023 – 4ème dimanche de carême

« Qui sont les aveugles ? »

     Le texte de l’aveugle-né est un texte frappant dans l’évangile car basé sur un paradoxe : les aveugles ne sont pas ceux que l’on croit et celui qui voit n’est pas celui auquel on s’attend. Les aveugles ce sont d’abord les disciples : quand ils voient un aveugle, ils se demandent quel est son péché : « Est-ce lui qui a péché ou bien ses parents ? ». Les aveugles ce sont les pharisiens : même face à un aveugle qui voit, ils restent focalisés sur le péché et refusent de voir : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance. ». Les aveugles, ce sont les parents de l’aveugle-né : ils ne veulent pas voir car ils ont peur des autres : « Comment il peut voir à présent nous ne le savons pas ». Beaucoup d’aveuglements dans ce récit, beaucoup d’hypocrisie, de peurs, de préjugés, mais un seul voyant : l’aveugle-né ! Lui seul est capable de reconnaître qui est Jésus et de dire : « Je crois », qui signifie ici : « Je vois ».

La foi en Christ est accueil et elle guérit. Le mode de guérison employé par Jésus est d’ailleurs étrange et révélateur : il fait de la boue avec de la salive et il l’applique sur les yeux de l’aveugle. Ce geste est comme une réponse au problème du péché qui aveugle tant les disciples et les pharisiens : ce n’est pas une prière qui guérit mais de la boue. Cette boue rappelle aussi celle dont nous sommes tous issus, celle avec laquelle Dieu modela l’homme dans le second récit de la création. Cette boue nous rappelle qu’avant de juger et d’exclure l’autre parce qu’il est pécheur, nous sommes tous frères et sœurs et nous n’avons qu’un seul et même créateur et qu’un seul et même juge : Dieu.

Christ guérit et sauve celui qui se reconnaît pécheur, celui qui se reconnaît aveugle, celui qui accepte de laisser son regard être transformé. Le regard que pose Jésus sur le monde n’est pas un regard qui juge et condamne, alors même qu’il est le seul juge. Le regard de Jésus n’exclut personne et va même vers celui que nous excluons naturellement comme font les disciples ou les pharisiens. Paradoxalement, Jésus nous invite à nous reconnaître aveugles pour être capables de recevoir la vraie lumière. La lumière de la résurrection ne peut atteindre que celui qui est dans les ténèbres, que celui qui accepte de se remettre en question.

Luc Schweitzer, ss.cc.

Dimanche 12 mars 2023 – 3ème dimanche de carême

« 1er dimanche des scrutins pour les catéchumènes »

     Depuis le Concile Vatican 11 L’Église romaine a renoué avec la tradition de l’Église ancienne concernant le parcours des catéchumènes qui se préparent à recevoir le baptême au cours de la veillée pascale.

Ce dimanche inaugure une série de trois, correspondant aux trois « scrutins » qui précèdent l’entrée dans la semaine sainte. Avant leur baptême, les catéchumènes adultes sont invités à « scruter » – accomplir un discernement sur – leurs intentions profondes, à être au clair sur ce qu’ils attendent et cherchent en demandant le baptême, à bien en saisir le sens et la portée, à bien connaître le Christ, source de vie et don de Dieu. Ils sont invités à s’adresser à Dieu en reprenant la prière du psalmiste (Ps 138) : « Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée ; éprouve-moi, tu connaîtras mon cœur. Vois si je prends le chemin des idoles, et conduis-moi sur le chemin d’éternité. »

Ces scrutins concernent aussi tous les baptisés à chaque carême. Quelle image se font-ils de Dieu, du Christ ? Saint Jean les invite à le reconnaître comme le chemin, la vérité, la vie.

Avec la samaritaine, comme la source d’eau vive pour tout être humain de bonne volonté. Avec l’aveugle-né, comme la source de vie éternelle pour ceux qui croient en lui. Avec Lazare, comme le vainqueur de la mort. Les trois récits de ces dimanches présentent la foi comme trois rencontres avec le Christ qu’ont vécues une femme étrangère et pécheresse, un aveugle de naissance, un ami qui meurt et ses proches qui le voient revenir à la vie à l’appel de Jésus.

Ce dimanche, particulièrement nous voyons que Jésus franchit les « interdits » de s’adresser à une samaritaine, à une étrangère et à une femme. Osons suivre le Christ sur des chemins nouveaux dans l’esprit de l’Evangile !

Dimanche 5 mars 2023 – 2ème dimanche de carême

« Transfiguration »

« Le 22 février nous commencions le Carême « sous le sac et la cendre », dans l’errance de nos ténèbres intérieures. Voici Jésus transfiguré !

Nous plongions le regard dans l’abîme de notre nuit. Voici son visage brillant comme le soleil. Nous étions incapables de discerner sa présence au monde. Voici ses vêtements blancs comme la lumière. Nous cherchions Dieu. Voici qu’il pose dans la Nuée toute l’expression de son amour envers son Fils bien-aimé. Nous étions en quête de signes. Voici la surabondante manifestation. Cet évangile nous saisit-il d’effroi ? L’amour nous embrase-t-il ? La quarantaine du Carême est une véritable retraite. Pèlerins d’humanité, nous alternons entre les hautes montagnes (comme ce dimanche) et les plus humbles vallées. Montée sublime. Descente plus ingrate. Hauteurs de claire vision. Perte de repères. Selon les jours, au fil du temps, le désir de Dieu est que l’on « ne voie plus que Jésus seul ». […]

Poursuivons notre conversion les yeux fixés sur Jésus ! Notre route de chercheurs de Dieu est éclairée par sa gloire. En Lui, l’amour du Père ! »

Père Bernard Podvin, prédicateur

du carême 2023 à Notre Dame de Paris

 

Ne dévions pas de trajectoire en cours de route. Depuis notre baptême comme aussi pour les catéchumènes nous devons suivre Jésus. Sur la Montagne de la Transfiguration il n’y a pas une image de Dieu mais seulement sa parole « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute ma joie : écoutez-le ! » Cette parole c’est l’attestation de la divinité de Jésus de Nazareth comme seule figure qui guide l’humanité toute entière vers le Salut.

Les passages (pâque) sont multiples et parfois mêmes dangereux. Tout au long de de notre vie nous avons des choix à faire. Notre Dieu créateur nous invite à poursuivre sa création sans la défigurer mais en la « transfigurant » pour qu’elle soit toujours sacrée, et vivable pour tous. Oui, des transfigurations, il y en a plein en ce monde : il en est de notre responsabilité de baptisés.

Christian Malrieu

Dimanche 26 février 2023 – 1er dimanche de carême

Jeûner

     Avez-vous remarqué qu’on parle beaucoup de nourriture dans les textes de ce dimanche de carême ? C’est curieux, en ce temps où on insiste beaucoup sur le jeûne. Le serpent inspire à Eve de prendre le fruit savoureux de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et, dans l’évangile, le démon tente Jésus en lui proposant de changer les pierres en pain. Le carême, ce ne serait donc qu’une affaire de nourriture à éviter ? Nous savons tous comment une vision étriquée de ce temps liturgique a compris l’effort de conversion en termes d’abstinence et de privation de nourritures. Or, est-ce bien à cela que nous invite Jésus dans l’évangile quand il répond au démon :  » Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu  » ?

Dans l’évangile que nous avons entendu, Jésus résiste aux séductions du Tentateur parce qu’il sait qu’il est le Fils bien-aimé du Père. Il connaît Dieu et il le révèle comme un Père. Il ne se laisse pas abuser par le démon qui lui inspire de se jeter du haut du Temple pour voir si Dieu le sauvera. Sachant que Dieu est Père et qu’il veut la vie et le bonheur de tous ses enfants, Jésus a appris que la véritable autorité est service. Ainsi, lors de la troisième tentation, il peut refuser le piège de la puissance à son profit et aux détriments des hommes. Dominer, c’est se sentir dieu, avoir des ennemis, c’est rendre les autres responsables de son angoisse  » C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu adoreras « , répond Jésus au démon. La véritable autorité refuse la tentation d’avoir besoin d’esclaves ou d’ennemis. Elle refuse la fascination des masses par des pseudo prodiges. L’autorité messianique de Jésus est le pouvoir de pardonner les péchés et de guérir et sauver.

Les lectures de ce jour suggèrent bien ce qu’est le carême : jeûner, mais non uniquement de la nourriture du corps, mais aussi de l’alourdissement de l’âme, afin que nous ne vivions pas seulement de pain (d’images, de bruits, d’excitations de toutes sortes), mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Jeûner, oui, mais du désir de pervertir l’image de Dieu Père, de le parodier subtilement ou grotesquement. Jeûner, oui, mais du désir de dominer et de condamner mon frère. Jeûner, oui, mais pour atteindre la vraie liberté.

Luc Schweitzer, ss.cc.

Dimanche 19 février 2023 – 6ème dimanche du temps ordinaire

Une vie donnée par amour

« S’il m’arrivait un jour – et ça pourrait être aujourd’hui – d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays. Qu’ils acceptent que le Maître Unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu’ils prient pour moi : comment serais-je trouvé digne d’une telle offrande ? Qu’ils sachent associer cette mort à tant d’autres aussi violentes, laissées dans l’indifférence de l’anonymat…

J’ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde et même de celui-là qui me frapperait aveuglément. J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrais de solliciter le pardon de Dieu et de celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m’aurait atteint ».

Testament spirituel du P. Christian de Chergé, moine de Tibhirine.

Dimanche 12 février 2023 – 6ème dimanche du temps ordinaire

« N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges » (He 13,2)

     Depuis 15 ans, l’Eglise qui est à Paris s’est engagée dans une démarche originale d’accueil et de fraternité. L’opération Hiver solidaire, lancée durant l’hiver 2007 et qui est dans sa neuvième année dans notre paroisse, ne propose pas seulement de mettre à l’abri certains de nos frères et sœurs qui sont à la rue.

Comme l’auteur de l’épître, nous voulons aussi donner l’hospitalité à ceux qui acceptent d’être nos accueillis le temps d’un hiver. Nous leur ouvrons physiquement notre église, la maison de notre Dieu, partageons nos repas avec eux et dormons avec eux. Donner l’hospitalité c’est sans doute se mettre en danger. Ainsi, plusieurs d’entre nous ont pu avoir une hésitation, une réticence avant de s’engager. De fait, donner l’hospitalité nous oblige à nous ouvrir, à ne pas fermer nos yeux et nos cœurs à la détresse de nos frères, chacune et chacun à la hauteur de ses capacités.

En pratiquant cette hospitalité, nous, chrétiens, voulons accueillir le Christ en accueillant nos frères. En nous efforçant de pratiquer cette hospitalité-là, nous ne prétendons pas qu’elle soit plus vertueuse ou plus louable, nous faisons simplement notre devoir de chrétiens. Voir dans chacun de nos frères le Christ, notre Seigneur, nous oblige à ne pas être insensibles à la souffrance de nos frères.

Au long de ces neuf années, les centaines de bénévoles qui se sont succédé à Saint-Gabriel n’ont peut-être pas toujours eu conscience de recevoir chez eux des anges (du grec angelos, messager, envoyé). Mais savons-nous réellement reconnaître un ange ? En réalité, au-delà de notre maison commune, c’est aussi nos cœurs et nos esprits qu’Hiver solidaire nous aide à ouvrir. Voilà sans doute une réalisation concrète des anges que nous recevons, en nous, sans le savoir. En éclairant notre liberté reçue de Dieu, ces anges nous ont fait bouger, nous ont mis en chemin, individuellement et collectivement. Sans doute est-ce en partie à eux que nous devons d’être fidèles à l’intuition d’Hiver solidaire cette année encore. Puissent-ils continuer à veiller sur nous et sur notre paroisse et à nous aider à vivre fidèlement en chrétiens.

Olivier Michel

Responsable Hiver solidaire Saint-Gabriel

15 ANS D’HIVER SOLIDAIRE AU DIOCESE DE PARIS (Homélie)

Hiver Solidaire à Paris existe depuis 15 ans, et à Saint-Gabriel depuis 9 ans. 41 paroisses à Paris et de nombreux diocèses en province sont aujourd’hui engagées dans cette opération. Hiver solidaire est une initiative qui dure et qui se développe. Elle a même survécu au COVID, aux confinements et aux contraintes sanitaires.

Hiver solidaire est fondée sur une vertu très simple et très ancienne : l’hospitalité. Vertu dont la Bible se fait l’écho dès la Genèse avec Abraham qui accueille trois mystérieux étrangers se présentant à l’improviste au seuil de sa tente. Et qu’il invite aussitôt à se laver les pieds, à se reposer et à se restaurer. On pourrait citer aussi la veuve de Sarepta qui accueille le prophète Elie et partage avec lui tout ce qui lui reste à manger alors que ce sont ses dernières provisions et qu’elle s’apprête à mourir de faim avec son fils. Dans ces deux exemples l’hospitalité ne pose pas de questions à l’étranger qui se présente. Elle commence par accueillir puis elle se déploie dans la rencontre et le partage.

Hiver solidaire, c’est d’abord un accueil. Accueil de personnes à la rue, qui n’ont pas été choisies ou sélectionnées sur des critères de provenance géographique, d’âge, de religion, de casier judiciaire vierge, de bonnes mœurs ou de papiers en règle. Tout le monde est bien venu. Accueil mutuel des bénévoles. On ne se connaît pas forcément et on va se partager la préparation du repas, animer la soirée et passer la nuit ensemble. Mais aussi accueil des bénévoles par les personnes accueillies qui ne les choisissent pas non plus et qui ont bien du mérite à voir défiler des nouvelles têtes tous les soirs, en essayant de mémoriser les prénoms des dizaines de bénévoles qui se succèdent ! Dans l’Evangile Jésus est souvent celui qui demande à être accueilli. Il s’invite chez ses amis Lazare, Marthe et Marie mais aussi et surtout chez les publicains et les pécheurs. Et il frappe encore aujourd’hui à la porte de notre maison, de notre cœur, de notre histoire. Il est le pauvre qui tend la main pour être accueilli.

Hiver solidaire c’est un accueil et c’est une rencontre. Une rencontre possible si chacun accepte de s’intéresser à l’autre, de l’écouter et de le laisser parler. En laissant de côté ses préjugés et ses a priori. Rencontre entre bénévoles qui se découvrent alors que parfois ils se croisaient depuis des années à la sortie de la messe ou dans le quartier. Mais surtout rencontre avec des personnes accueillies qui sont en situation de pauvreté, de vulnérabilité et d’exclusion, sans autre choix que vivre dans la rue. Rencontrer ces personnes c’est prendre la température de l’humanité, de la condition humaine que nous partageons avec elles. En les écoutant, nous prenons conscience de l’état de misère et d’abandon dans lequel sont contraints de vivre nombre d’hommes et de femmes (des centaines de millions de migrants dans le monde, fuyant la guerre, la famine ou du dérèglement climatique – et aujourd’hui même encore 3000 personnes qui dorment à la rue à Paris). Les rencontrer et les écouter, eux qui sont nos frères et sœurs en humanité, c’est prendre conscience de l’état de nos sociétés. Une société comme la nôtre, prospère et fondée sur les droits humains, devrait avancer au rythme des plus pauvres, en les mettant au centre de ses préoccupations. Est-ce vraiment le cas aujourd’hui ? Tout comme l’Eglise que nous formons tous et qui ne devrait jamais oublier que Jésus s’est toujours mis d’abord à l’écoute des exclus de son temps, toujours disponible pour répondre à leurs sollicitations, n’hésitant pas à s’arrêter et à se détourner de son chemin pour les rencontrer et les écouter, même contre l’avis de ses disciples.

Hiver solidaire c’est un accueil, une rencontre et c’est enfin un partage. On y partage des choses simples : préparer un dîner, mettre le couvert, faire la vaisselle, installer les matelas, ranger et faire le ménage. Mais aussi jouer aux cartes ou aux dominos. Et on est là, tous autant que nous sommes, à égalité. Personne n’est au-dessus ni meilleur que l’autre. Mais on peut aussi partager ses idées, sa culture, ses talents, ses goûts pour la lecture, la musique ou le foot. Découvrir la richesse et les difficultés des expériences de vie des uns et des autres. On peut même partager des instants de silence où on est bien, ensemble. Et on peut partager aussi des moments plus difficiles où les épreuves passées et la précarité rendent la vie insupportable et peuvent conduire à se renfermer sur soi ou à faire preuve d’agressivité. Mais personne n’est là pour sauver l’autre de ses angoisses ou pour résoudre ses problèmes, nous ne sommes les uns pour les autres que des hôtes de passage.

Pour le quinzième anniversaire d‘Hiver solidaire le diocèse de Paris nous invite à méditer ce verset de l’épître aux Hébreux que nous avons entendu dans la deuxième lecture : « N’oubliez pas l’hospitalité, elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges ». Alors quels sont ces anges ? Dans la Bible les anges sont des messagers de Dieu. Messagers mystérieux comme ceux qu’Abraham a reçus et qui lui ont annoncé la naissance improbable d’Isaac. Dans le cas d’Hiver solidaire je suis convaincu que nous pouvons tous, accueillis ou bénévoles, croyants ou non croyants, être ces anges les uns pour les autres, messagers d’un Dieu qui aime toute l’humanité, qui n’exclut aucun être humain de son amour et de son attention. Tous nous pouvons être porteurs d’un geste ou d’une parole qui soutient, qui redonne confiance, qui libère en ouvrant un avenir ou des perspectives inattendues.

Prions pour que le Christ nous aide, encore et toujours, à rester fidèles à sa parole « Ce que vous avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Saint-Gabriel – 12 février 2023 – 6ème dimanche ordinaire (A) 15 ans Hiver solidaire Pascal BLAVOT – Diacre

Dimanche 5 février 2023 – 5ème dimanche du temps ordinaire

N’ayons pas peur des titres de noblesse que nous donne Jésus !

     Vous êtes le sel de la terre. L’usage du sel est multiple : il donne du goût, il purifie, il conserve les aliments. Dans l’antiquité, on en mettait en terre avec le fumier pour servir d’engrais, d’où peut-être l’origine de cette image insolite : sel de la terre. Le rôle du chrétien est donc d’empêcher le monde de se banaliser. Il doit lui donner le vrai goût de vivre, en lui donnant le goût de Dieu. Il doit lui donner cette sagesse supérieure (le sel n’est-il pas symbole de sagesse ?) qui empêche l’homme de se dénaturer, de s’affadir. Nous sommes appelés à préserver l’homme d’aujourd’hui de l’absurdité de sa condition. À l’empêcher de pourrir ! On frémit devant une telle vocation et une telle responsabilité.

     Mais si le sel se dénature, s’il s’affadit, si nous ne sommes plus différents des autres, si nous faisons comme tout le monde, chrétiens incolores, inodores et sans saveur, nous ne sommes plus bons à rien, nous avons perdu notre raison d’être. Alors on nous jette dehors, comme le sel dénaturé. Nous nous excluons du groupe des disciples de Jésus, à moins que ce “être jeté dehors” aille jusqu’à signifier la damnation. Quant aux “gens”, ils nous méprisent, ils nous piétinent comme le sel affadi.

     Vous êtes la lumière du monde. Autre titre de noblesse, en plus grandiose. Israël avait souvent été décrit sous l’éblouissante image de « lumière des nations ». C’est vous maintenant, dit Jésus, qui avez pris le relais, vous êtes la vraie lumière du monde. C’est à vous, petites gens, que Jésus dit : « Allez les illuminer. Non de votre lumière qui n’est guère meilleure, mais de ma lumière dont je vous demande d’être les reflets. » Suis-je lumineux ? Je n’ai pas besoin d’être une lumière, comme on dit. Mais est-ce que je brille de cette lumière intérieure qui rayonne sans beaucoup de mots ?

     Le scandale des frères Philippe (religieux dominicains) nous rappelle cruellement que le péché est bien inscrit dans notre monde. (Voir La Croix du mardi 31 janvier). Les perversions commises par des religieux, prêtres, religieuses viennent contrecarrer et avilir cette belle fête de la Vie Consacrée que nous venons de célébrer en la Présentation de Jésus au Temple. Avec le vieillard Siméon accueillant Marie, Joseph et Jésus sachons reconnaitre Celui qui est Lumière des nations !

D’après « Port Saint Nicolas » https://www.portstnicolas.org/

Dimanche 29 janvier 2023 – 4ème dimanche du temps ordinaire

Chars d’assaut et artisans de paix ?

     Depuis quelques jours nous sommes inondés de « publicités » qui nous montrent les meilleures qualités des chars d’assaut, des tanks que les pays occidentaux enverraient en Ukraine pour « gagner » la guerre !!!

Il est évident qu’un peuple attaqué puisse se défende. Il est juste et nécessaire que celui qui est attaqué utilise des armes d’égale puissance, sinon ce serait le pot de terre contre le pot de fer…

La question qui se pose est : peut-on discuter, parlementer avec un « fou » ?  Il y a, paraît-il, des « fous intelligents » qui savent dans leur folie planifier des destructions massives de population afin de parvenir à leur fin… Souvenons-nous de quelques exemples dramatiques : génocide Arménien, Hitler, Pol-Pot…

Tout cela est bien loin du texte des béatitudes que nous entendons ce dimanche.

Jésus nous dit « HEUREUX LES ARTISANS DE PAIX, CAR ILS SERONT APPELÉS FILS ET FILLES DE DIEU ».

Nous savons qu’en Ukraine, comme ailleurs dans le monde où existent des conflits armés, œuvrent des hommes et des femmes pour faire baisser les tensions, les conflits… Ils contribuent ainsi à l’avènement de la paix. Ces personnes ne se déplacent pas dans des tanks mais plutôt à mains nues, sans armes… Leur pédagogie : convaincre les belligérants à déposer les armes. C’est le long travail des communautés de San Egidio partout dans le monde.

Plus près de notre vie quotidienne nous assistons à d’autres violences : à l’arme blanche, par incendie de nos églises, par guet-apens de jeunes contre d’autres jeunes… violences conjugales… Là, ce ne sont pas les armes lourdes qui peuvent venir à bout de ces conflits et de ces situations. Les armes à utiliser nous les connaissons : l’éducation dès l’enfance, l’amour des parents entre eux et envers leurs enfants… Cela ne fait pas de bruit ! L’amour ne fait pas de bruit !

Relisons les béatitudes comme chemin de vie, comme charte d’amour pour vivre ensemble dans la paix et non dans la peur.

Christian Malrieu

 

Dimanche 22 janvier 2023 – 3ème dimanche du temps ordinaire

Quand Dieu vous parle

     Le 30 Septembre 2019, le Pape François instituait une nouveauté dans le calendrier liturgique, le Dimanche de la Parole de Dieu », fixé au troisième Dimanche du temps ordinaire. Cette année, ce dimanche de la Parole de Dieu tombe le 22 Janvier.

En invitant l’Eglise – par le document « Aperuit illis » – à célébrer d’une manière particulière la Parole de Dieu lors de ce Dimanche, le Saint Père entend souligner toute la richesse et le caractère vivant du texte sacré. Voici ce qu’il écrit dans ce document : « Consacrer de façon particulière un dimanche de l’Année liturgique à la Parole de Dieu permet, par-dessus tout, de faire revivre à l’Église le geste du Ressuscité qui ouvre également pour nous le trésor de sa Parole afin que nous puissions être dans le monde des annonciateurs de cette richesse inépuisable…. J’établis donc que le IIIe Dimanche du Temps Ordinaire soit consacré à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu. Ce dimanche de la Parole de Dieu viendra ainsi se situer à un moment opportun de cette période de l’année, où nous sommes invités à renforcer les liens avec la communauté juive et à prier pour l’unité des chrétiens. Il ne s’agit pas d’une simple coïncidence temporelle : célébrer le Dimanche de la Parole de Dieu exprime une valeur œcuménique, parce que l’Écriture Sainte indique à ceux qui se mettent à l’écoute le chemin à suivre pour parvenir à une unité authentique et solide. » (Aperuit illis § 2 et 3)

Tous les fidèles sont ainsi encouragés à une plus grande familiarité avec la Parole de Dieu afin de vivre plus en profondeur leur relation avec Dieu et avec leurs frères. Chaque communauté est donc invitée à trouver le moyen de vivre ce Dimanche comme un jour solennel, explique le Saint Père qui demande qu’une attention toute particulière soit accordée à l’homélie, « unique occasion » pour beaucoup de fidèles « de saisir la beauté de la Parole de Dieu et de la voir se référer à leur vie quotidienne ». Ce pourrait être une bonne occasion pour les croyants qui n’ont pas de Bible chez eux de s’en procurer une, afin, selon les paroles du Pape, « d’en continuer la lecture dans leur vie quotidienne, de l’approfondir et de prier avec la Sainte Ecriture ».

Le Saint Père insiste également sur l’importance de la formation des lecteurs de la Parole de Dieu dans le contexte de nos liturgies : « Il est fondamental de faire tous les efforts nécessaires pour former certains fidèles à être de véritables annonciateurs de la Parole avec une préparation adéquate… » et dans le contexte de la catéchèse : « Il est également souhaitable que les catéchistes, par le ministère dont ils sont revêtus, aident à faire grandir dans la foi, ressentant l’urgence de se renouveler à travers la familiarité et l’étude des Saintes Écritures, leur permettant de favoriser un vrai dialogue entre ceux qui les écoutent et la Parole de Dieu. »

+ Monseigneur Jean-Pierre COTTANCEAU, archevêque de Tahiti

 

Dimanche 15 janvier 2023 – 2ème dimanche du temps ordinaire

Vous avez dit « ordinaire » ?

     Y aurait-il un temps de la vie chrétienne qui soit moins important, voire banal ? Chaque année, le Temps dit « Ordinaire » de l’année liturgique vient s’intercaler entre les temps festifs qui encadrent les deux grandes fêtes de Pâques et de Noël. Mais s’il y a un temps liturgique ordinaire, le dimanche n’est jamais ordinaire au sens vulgaire du terme. En effet, chaque dimanche est revêtu du caractère pascal de la Résurrection du Seigneur. C’est le jour mémorial de la résurrection, 1er jour de la semaine. Ainsi chaque dimanche, nous célébrons ce mystère en nous rassemblant pour entendre la Parole et communier à l’Eucharistie.

     Pour nous, ce temps liturgique ordinaire est aussi une chance pour regarder avec joie et confiance ce qui fait l’ordinaire de nos vies : le déroulement d’une journée de travail, l’alternance de l’activité et du repos, les rencontres familières, les échecs et les réussites…, tout cela constitue la riche trame de nos vies ordinaires. Pas besoin de chercher ailleurs le Seigneur qui marche à nos côtés !

Le vert est également la couleur liturgique de ce Temps ordinaire. Le vert est très présent dans la Nature. C’est la couleur qui invite à retrouver la simplicité de la vie, au plus près de l’œuvre créatrice de Dieu ; elle laisse transparaître le mystère d’un Dieu proche de chacun de nous. On dit aussi que le vert apaise et appelle à la méditation. Vivons donc nos célébrations dominicales de ce Temps Ordinaire dans une atmosphère de recueillement et de Paix !

Dimanche 18 décembre 2022 – 4ème dimanche de l’avent (A)

Accueillir l’impossible… !

     L’annonce de la venue du Seigneur Jésus dans notre monde, qui est au cœur de ce temps de l’Avent, devient aujourd’hui Annonce de sa venue dans notre chair : l’humanisation du Fils de Dieu que nous célébrerons à Noël.

     « Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint ». Ce sont les premiers mots de l’évangile de Matthieu qui nous dévoilent le mystère central de notre foi : Jésus, né de Marie, est le Fils de Dieu, engendré par la puissance de l’Esprit Saint ; il est l’Homme que Dieu seul pouvait nous donner.

Mais Joseph, pour qui cette révélation est encore inconnue, doit se mesurer avec une réalité douloureuse : le fait que sa fiancée soit enceinte avant qu’ils aient habités ensemble met en crise le projet de vie qu’il avait avec elle. Dans le doute et le silence de sa méditation, Joseph reçoit alors une révélation de l’Ange du Seigneur : l’enfant qui naîtra vient de Dieu ; il vient pour le Salut de tous les hommes ; et c’est Joseph, qui lui donnera un Nom, et qui l’inscrira dans la descendance du roi David. Face à cette révélation, Joseph se comporte en ‘homme juste’, c’est-à-dire, en s’ajustant à la volonté de Dieu ; il devient capable de vivre dans la Justice et la Paix qui vient de Dieu. Dans l’obéissance à la volonté de Dieu, Joseph approfondit sa foi, parvenant ainsi à comprendre, lui aussi, que « rien n’est impossible à Dieu ».

Joseph « fait alors ce que l’ange du Seigneur lui a prescrit… » Voilà la vraie grandeur de Joseph : sa foi se fait obéissance, et sans un mot, il accepte de faire ce qu’il ne comprend peut-être pas pleinement. Par son compor-tement, il vit déjà la Bonne Nouvelle que Jésus – cet enfant qui lui est annoncé – proclamera plus tard : « Rien n’est impossible à celui qui croit » (Mt 17/20).

Accueillons nous aussi dans la Foi, comme Marie et Joseph, la joyeuse Nouvelle du Fils de Dieu qui vient témoigner de la tendresse de Dieu au cœur de notre monde !

 

Dimanche 11 décembre 2022 – 3ème dimanche de l’avent (A)

À ceux qui doutent

     Il y a de quoi être surpris à la lecture ou à la relecture de l’évangile de ce 3ème dimanche de l’Avent. Du fond de sa prison, voilà que Jean-Baptiste est pris d’hésitation, voire même est tourmenté par des doutes au point qu’il envoie des disciples auprès de Jésus. Est-ce si étonnant ? Jean doute parce qu’il  imaginait, comme tout le monde, que le Messie viendrait en tant que juge strict et impartial pour récompenser les uns et punir les autres. Or Jésus ne fait rien de tel et la foi de Jean en est ébranlée.

« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

À cette question, Jésus répond : les signes sont là, inattendus. « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » Non, Dieu ne se manifeste ni par des acclamations de triomphe ni par des gestes de vengeance mais par la surabondance de la miséricorde. Le Messie, c’est celui qui guérit toute souffrance et qui pardonne aux publicains et aux pécheurs.

Quand Jésus donne cette réponse, il sait que plus d’un ne l’acceptera pas. C’est pourquoi il ajoute : « Heureux celui qui ne se scandalisera pas à cause de moi ! ». Nombreux sont ceux qui veulent un messie fort et victorieux et non pas de Celui qui vient : Jésus, le pauvre parmi les pauvres. C’est pourquoi, après l’avoir acclamé le jour des Rameaux, ils réclameront sa mort le Vendredi Saint.

Nous avons nous aussi à nous convertir, ne l’oublions pas ! Ne nous effrayons pas si nous doutons, mais, à l’exemple de Jean-Baptiste, interrogeons-nous et allons à la rencontre du Christ tel qu’il est venu et non tel que nous voudrions qu’il soit ! En ce temps de fêtes, le Christ nous invite à le reconnaître non dans des rêves de grandeur et de puissance mais dans l’humble crèche de Bethléem. Et il nous invite à ouvrir nos cœurs à celles et ceux qui souffrent : les aveugles, les boiteux, les malades, les personnes seules et abandonnées, etc.

Luc Schweitzer, sscc.

 

Dimanche 4 décembre 2022 – 2ème dimanche de l’avent (A)

Pour sauver les hommes, Dieu les rassemble dans son amour !

     En ce temps de l’Avent, et tout particulièrement avec Jean-Baptiste, il s’agit de conversion : mais de quelle conversion ?

Le mot peut même faire peur ; Jean Baptiste nous rassure. Loin de contraindre à des pratiques vertueuses, ennuyeuses et légalistes, la conversion qu’il propose consiste à nous tourner vers Celui qui, par amour, vient à notre rencontre. Elle consiste à apprendre de Lui des attitudes nouvelles qui porteront du fruit. Jean Baptiste vient annoncer que du nouveau est possible, que nous pouvons changer et changer le monde à condition d’avoir cette « intelligence du cœur » qui nous fait distinguer la lumière des ténèbres. Alors les chemins tortueux deviendront droits et les obstacles s’aplaniront.

Il est vrai qu’il est difficile d’envisager un « autre monde » avec les différents « tremblements» : gilets jaunes, COVID19, guerre en Ukraine, tensions en Iran, en Chine… il y a de quoi déprimer !!!

Alors, nous croyants, qui célébrons le Ressuscité, qui employons assez facilement le mot « espérance », serions-nous dans un autre monde, une autre dimension, aurions-nous la tête dans les nuages pour oublier la réalité du monde ? Il y a semble-t-il des personnes très alarmistes sur le devenir de notre planète, pour lesquelles il faudrait pratiquer le « survivalisme » (ceux qui se préparent aux grandes catastrophes…) Pour nous, croyants ce n’est pas tout à fait notre vision des choses, même si nous devons prendre soin de notre vivre ensemble, de notre Maison Commune…

Le monde nouveau selon le prophète Isaïe confirme la promesse de Dieu qui s’accomplira dans un nouveau David (Messie). Sur lui reposera l’Esprit de Dieu. Roi de justice et de paix, il réconciliera les inconciliables, signe que la connaissance de Dieu, c’est l’intelligence du cœur. Il aura profondément transformé celles et ceux qui se seront laissés toucher par l’amour infini d’un Dieu qui veut le salut du monde.

Je suis heureux, ici, de souligner quelques réalités positives vécues ces dernières semaines : le dimanche de la Création, l’assemblée paroissiale, le spectacle « au commencement le vert était dans la pomme » vu par 300 personnes… Sans oublier « Hiver Solidaire » qui reprend avec une nouvelle équipe, même s’il manque encore des bénévoles ! Sans oublier aussi tout ce dont vous êtes témoins et parmi elles, ces personnes qui s’engagent à faire reculer la misère…

Sauver les hommes, les rassembler dans son amour, tel est le projet de Dieu en son Fils Jésus. Par fidélité à la promesse, saint Paul nous invite à imiter le comportement du Christ : accueillir les autres et les aimer comme Dieu ; convertir nos comportements pour faire du monde un foyer d’amour. Oui, Seigneur, éveille en nous l’intelligence du cœur.

D’après le « Missel des dimanche Année A 2023

Christian Malrieu

 

Dimanche 27 novembre 2022 – 1er dimanche de l’avent (A)

Attendre dans l’espérance et la vigilance

     Nous commençons en ce dimanche un des temps forts de notre liturgie, celui de l’Avent. Au début d’une nouvelle année liturgique, nous pouvons ressentir de l’enthousiasme dans la perspective des festivités de Noel et de Nouvel an qui approchent. Nous nous projetons donc dans l’attente des jours joyeux, des jours où l’on suspend ses angoisses, préoccupations, ses vicissitudes, pour festoyer en se retrouvant en famille ou en communauté avec frères, sœurs, amis et parents.

Mais si le début de l’Avent peut nous enthousiasmer dans la perspective des fêtes qui approchent, il devrait davantage nous mobiliser et nous questionner dans notre être chrétien, à élucider le sens profond de notre attente de cet événement fondamental de notre foi, la naissance du Christ, de l’Emmanuel, la divinité prenant notre condition humaine pour demeurer parmi nous.

Et les textes que la liturgie nous propose en ce jour nous invitent à renouveler notre compréhension de l’attente du Messie parmi nous. La première lecture, tirée du deuxième chapitre du livre d’Isaïe, nous rappelle ce que signifie l’attente, c’est une marche. Nous marchons vers Jérusalem, vers la cité de Dieu où le Seigneur rassemble toutes les nations pour jouir de la paix éternelle de son royaume.

L’Avent est donc ce temps de grâce qui ravive notre espérance des jours de paix perpétuelle, où on ne lèvera plus l’épée nation contre nation, et on ne s’entraînera plus à la guerre. Toutefois, cette espérance des jours joyeux et de paix, nous devons la vivre dans la vigilance en gardant notre regard toujours fixé et tourné vers Jésus. Et c’est dans cette dynamique que nous pouvons comprendre l’interpellation de Saint Paul de sortir de notre sommeil dans la deuxième lecture, tirée du treizième chapitre de l’épitre aux Romains.

Nous sommes appelés à rejeter les activités des ténèbres, pour nous revêtir du combat du Christ. Ce combat qui est un appel à demeurer dans la lumière. Et la péricope de l’Evangile de Saint Matthieu du vingt quatrième chapitre, que nous lisons en ce premier dimanche de l’Avent, nous rappelle que ce combat pour la lumière devrait mobiliser tout notre être dans l’attente du Messie, nous appelant à sortir de nos assurances, de nos certitudes humaines sans limites, pour mettre notre foi dans le Seigneur. Sortir de notre sommeil signifie donc pour nous, nous dessaisir d’une foi superficielle, qui s’enlise dans la routine d’une vie chrétienne faite d’accoutumance, pour entrer dans une foi opérante qui veille et s’active dans l’attente du Christ.

Luc Schweitzer, ss.cc.

Dimanche 20 novembre 2022 – Le Christ, roi de l’univers (C)

Le roi de l’univers n’est pas un magicien

« Si tu es le Fils de Dieu, fais quelque chose. »

Chacun voudrait que Jésus fasse quelque chose d’extraordinaire pour le sortir des mauvaises situations. Ces paroles rappellent le récit des tentations au désert : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent du pain… Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas… » Mais le Messie n’est pas un magicien. Il ne répond rien aux provocations de ceux qui le mettent en demeure de montrer son pouvoir.

En lisant l’Évangile de ce dimanche, nous pensons aux réactions souvent entendues au sujet des victimes de la souffrance, de la misère et des catastrophes en tous genre. Même dans nos quartiers, nos villages, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui n’ont pas le minimum pour survivre. À travers eux, c’est toujours le Christ qui est bafoué et rejeté. La tentation est grande de dire : « Si tu es le Fils de Dieu, fais quelque chose. » Quelquefois, nous entendons : « S’il y avait un bon Dieu, il n’y aurait pas tout ce mal et toutes ces souffrances dans le monde. » C’est vrai que devant tant de malheurs, certains se révoltent contre Dieu et finissent par perdre la foi.

C’est la question du Mal qui nous est posée

Devant ce scandale qui nous accable tous, on nous dit de ne plus nous appeler « Père, Mgr, Cardinal », car nous sommes d’abord « tous frères ».

D’autres disent qu’il nous faudrait tous démissionner ! Mais Jésus lui-même n’a pas démissionné devant la Croix, la trahison, les insultes, les moqueries… Non, il a porté lui-même cette croix qu’on lui imposait et si l’on veut être de ses disciples, il nous a invités à la porter nous-même à sa suite !

Quitter l’Église ?

Certains ont envie de quitter l’Église quand la barque tangue et qu’elle est prête à chavirer. Peut-être que cela ne changerait pas grand-chose. Mais peut-être aussi que cela ferait bouger les lignes… Qui sait ? Les Apôtres, au milieu de la tempête sur le Lac de Tibériade, se sont tournés vers Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. La confiance est revenue. Des tempêtes, il y en a eu depuis 2000 ans et sans être devin, il y en aura d’autres. Saurons-nous les affronter avec une grande part de résilience et une grande confiance en Celui que nous célébrons : Christ Roi de l’Univers ! Saisissons toutes ces belles occasions pour vivre en Synode (marcher ensemble) dans toutes ces équipes qui nous aident par leur réflexion et leurs actions à vivre l’Évangile hors des sentiers battus. Rien ne nous empêche déjà de poser des jalons ici et maintenant à Saint Gabriel : commentaire de la Parole de Dieu du dimanche par des laïcs pour ne donner que cet exemple…

La place de l’eucharistie dans nos vies

Nous avons besoin de l’eucharistie pour rendre grâce, célébrer le Ressuscité, sortir sur nos places et nos parvis.

Nous avons besoin de nous retrouver en petites équipes pour échanger, prier… Là, nous n’avons pas besoin systématiquement des « prêtres » pour lancer toute cette pastorale, toute cette mission. Le prêtre devrait être davantage ministre de la Communion fraternelle entre nous, entre toutes ces équipes, ministre de l’Eucharistie… en y associant tous les baptisés.

Ce dimanche 20 novembre à 9h00, venons échanger sur « vivre l’Église à St Gabriel dans une démarche Synodale ! »

Christian Malrieu

 

Dimanche 13 novembre 2022 – 33ème dimanche du temps ordinaire (C)

Heureuse faiblesse

     Nos engagements passent nécessairement à travers des signes ambigus et provisoires de notre temps présent ; un monde dont la figure est appelée à passer. Ces engagements sont chaque fois nécessaires, mais ils ne dureront pas. Il sont même voués à un échec final ; seul durera à jamais l’amour qu’ils auront rendu possible !

Même le Temple de Jérusalem, même nos cathédrales et nos églises, dont vous avons présentement besoin pour localiser notre soif de Dieu et notre prière : « Des jours viendront, nous avertit Jésus, où il ne restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». Mais tout sera en même temps transformé en demeure spirituelle, dans les cieux, grâce à l’Amour qui les aura habités ici-bas.

Même l’Eucharistie, l’un des signes de Jésus que nous affectionnons entre tous, et dont lui-même a voulu avoir besoin pour nous montrer son Amour jusqu’au bout. En tant que signe du pain et du vin partagés, L’Eucharistie est un sacrement provisoire mais sa réalité est appelée à durer à jamais : l’Amour qui est plus fort que la mort, l’Amour qu’aucun autre ne saurait égaler, l’Amour de Jésus qui donne sa vie pour ceux qu’il aime.

Dom André Louf,

dans Heureuse Faiblesse.

Dimanche 6 novembre 2022 – 32ème dimanche du temps ordinaire (C)

Journée mondiale des pauvres !

Foi en la résurrection ?

Puissance de mort ou puissance de vie ?

En ce début du mois de novembre le calendrier liturgique est propice à la contemplation des Saints comme à la mémoire des visages que nous avons connus et aimés. Mais au fait, où sont-ils ? Quelle est cette vie après la mort ?  Que sont-ils devenus ? Et moi que vais-je devenir après ma mort ? Autant de questions que les humains se posent sous toutes les latitudes, dans toutes les cultures et dans toutes les religions. Seule réponse qui doit nous satisfaire est celle de Jésus devant les sadducéens.

Au temps de Jésus, la foi en la résurrection fait toujours débat, non plus dans un contexte de persécution mais de querelles théologiques entre les pharisiens qui y croient et les sadducéens, un mouvement religieux juif qui refuse obstinément d’y croire. Dans l’évangile de Luc, ceux-ci veulent démontrer à Jésus qu’il est absurde de croire que les morts ressuscitent. L’exemple qu’ils évoquent pour le mettre en difficulté met en évidence ce qui fait obstacle pour eux. Le raisonnement des sadducéens s’appuie sur une logique de continuité entre la vie terrestre et celle d’une vie possible. Ils se représentent celle-ci comme un pur prolongement, voire une copie de la vie terrestre. Ce qui les conduit à considérer absurde la possibilité d’une résurrection. N’est-ce pas ce que pensent beaucoup de gens encore aujourd’hui ?

Jésus aborde la question de la résurrection d’une toute autre manière. Sa vision est celle de la foi et non de la science. Il décrit le monde de Dieu, celui des ressuscités, comme un monde autre qui échappe à toute description et explication rationnelles. Comme Jésus, saint Paul empruntera l’image des semailles pour parler de la résurrection, l’image du grain que l’on sème et qui tombe en terre, meurt et vit une transformation totale semblable à une éclosion.

Tous les gestes de libération, de guérisons des corps et des cœurs accomplis par le Christ, sont des œuvres de résurrection. Toutes nos épreuves traversées, nos pardons accueillis ou accordés, nos choix accomplis dans le sens des béatitudes et nos victoires sur le mal, nous permettent déjà de vivre de la vie éternelle, d’être des vivants victorieux de la mort comme le Christ, en lui, avec lui et par lui. Quand Marthe, la sœur de Lazare, lui déclare sa foi en la résurrection des morts à la fin des temps, Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie, celui qui vit et croit en moi, même s’il meurt, vivra et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ». Sa présence est signe de la résurrection à l’œuvre déjà dans le présent et non plus seulement à la fin des temps. Et si nous mourons avec lui, avec lui et comme lui nous vivrons.

Nous pouvons évoquer ici, toutes celles et ceux qui œuvrent jour après jour pour faire reculer les forces de mort qui traversent notre monde, notre existence et qui sont réellement déjà des signes de résurrection. En ce dimanche qui est la « journée mondiale des pauvres » ayons bien conscience que Dieu les aime et qu’il nous invite à en faire de même.

Soyons des Vivants qui croyons en la Vie même après le Passage dans la mort.

Michel Scouarnec, diocèse de Quimper

Christian Malrieu

Dimanche 30 octobre 2022 – 31ème dimanche du temps ordinaire (C)

« Sauver ce qui est perdu ! »

     L’événement qui nous est rapporté dans l’Évangile de ce jour est bien connu de tous, y compris dans les groupes d’enfants du catéchisme. Cela se passe à Jéricho, une ville païenne, une ville de pécheurs. Chaque fois que Jésus y entre, c’est pour en faire sortir quelqu’un, pour le sortir du péché et le ramener à Dieu. Jésus n’est pas celui qui accuse le pécheur, bien au contraire, il vient l’éclairer pour qu’il voie son péché et qu’il en sorte.

C’est ce qui va se passer avec le publicain Zachée. Il ne pouvait qu’être détesté par tous ces pauvres gens accablés par les impôts qu’il fallait payer à l’occupant romain. Il avait la réputation d’être intraitable et de profiter de sa position dominante. De plus en tant que chef des publicains, il était tenu pour responsable du comportement et des violences de ses collaborateurs. Sa position le rangeait dans la catégorie des pécheurs infréquentables.

Or voilà que cet homme a un ardent désir de voir Jésus. Il court devant, il monte sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là. À partir de ce moment, tout va se passer bien au-delà de ce qu’il avait prévu : Jésus s’invite dans la maison de Zachée ; cette décision provoque des remous. Les “bien-pensants” estiment que Jésus aurait mieux fait d’aller dans une bonne famille. Au lieu de cela, il va chez un voleur infréquentable. Pour eux, c’est un scandale. En ne voyant que le passé de Zachée, ils ne lui laissent aucune chance.

Nous aussi, nous pouvons être comme cette foule. Nous vivons dans une société qui n’a que mépris pour les gens de mauvaise réputation. Mais le Seigneur nous dit qu’il est venu pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Le salut de Dieu est offert à tous, y compris dans les prisons. Chaque personne est très importante aux yeux de Dieu. Cela doit changer notre regard sur elles. Le chemin pour parvenir à ce changement de regard c’est la prière.

Luc Schweitzer, ss.cc.

Dimanche 23 octobre 2022 – 30ème dimanche du temps ordinaire (C)

« Vous serez mes témoins ! »

    C’est le thème de la Journée Mondiale des Missions en 2022. Ce sont les dernières paroles de Jésus Ressuscité à ses disciples : « Vous allez recevoir une force quand l’Esprit Saint viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre ». Tous les disciples seront témoins de Jésus grâce au Saint Esprit qu’ils recevront : ils seront constitués comme tels par grâce, où qu’ils aillent, où qu’ils soient. L’Église, communauté de disciples du Christ, n’a d’autre mission que celle d’évangéliser le monde en témoignant du Christ. L’identité de l’Église, c’est d’évangéliser !

Les disciples sont envoyés par Jésus dans le monde, pas seulement pour FAIRE la mission, mais surtout pour VIVRE la Mission qui leur a été confiée : être témoins du Christ. L’exemple d’une vie chrétienne et l’annonce du Christ vont ensemble dans l’évangélisation ; l’un sert l’autre. Ce sont les deux poumons avec lesquels toute communauté doit respirer pour être missionnaire.

« Jusqu’aux extrémités de la terre ».

Nous expérimentons de plus en plus comment la présence de fidèles de diverses nationalités enrichit le visage des paroisses et les rend plus universelles, plus catholiques. La pastorale des migrants est une activité missionnaire à ne pas négliger ; elle peut aider aussi les fidèles locaux à redécouvrir la joie de la foi chrétienne qu’ils ont reçue.

« Vous allez recevoir une force quand l’Esprit Saint viendra sur vous ».

C’est ainsi que commence l’ère de l’évangélisation du monde par les disciples de Jésus qui étaient avant faibles, craintifs et fermés. L’Esprit Saint les a fortifiés, leur a donné le courage et la sagesse de témoigner du Christ devant tout le monde.

Chers frères et sœurs, je continue à rêver d’une Église entièrement mission-naire et d’un nouveau printemps missionnaire des communautés chrétiennes. Oui, puissions-nous tous, dans l’Église, être ce que nous sommes déjà en vertu de notre baptême : des prophètes, des témoins, des mission-naires du Seigneur ! Avec la puissance de l’Esprit Saint, et jusqu’aux extrémités de la terre. Ô Marie, Reine des Missions, priez pour nous !

Extraits du Message du Pape François pour la Journée Mondiale des Missions 2022

 

Dimanche 16 octobre 2022 – 29ème dimanche du temps ordinaire (C)

Sauvegarde de la planète : du Concile Vatican II à Laudato Si : 60 ans déjà !

    Dès son élection, le pape François a mis l’accent sur la sauvegarde de la planète et la protection des plus faibles : ses discours aux Nations unies, à Nairobi ou à New York, ses très nombreux appels ainsi que la publication de l’encyclique Laudato Si’ (2015) en est l’illustration.

Mais la doctrine écologique du Saint-Siège remonte à bien plus tôt et trouve ses racines dans le Concile Vatican II. Ce concile dont on fête le 60ème anniversaire. C’est le Pape Jean XXIII, qui a convoqué cette grande assemblée des évêques le 11 octobre 1962.

Il est donc tout indiqué de faire le lien entre le Concile et Laudato Si’ soixante années plus tard !

La défense de la maison commune

Depuis le Concile Vatican II, en passant par l’interpellation de Paul VI pour la conférence de Stockholm en 1972, jusqu’à la publication de l’encyclique Laudato Si’ du Pape François en juin 2015, le Saint-Siège, dans une logique de développement intégral, est précurseur en termes de protection de l’environnement. Une doctrine portée encore à la COP26 de Glasgow par le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin.

« Abondance végétale »

À l’heure ou tout concourt à parler de la « fin de l’abondance » en vue d’une « sobriété heureuse » nous nous sentons davantage en harmonie avec ce qu’ont dit les papes énumérés plus haut. Pour ce dimanche de la Création il a été retenu le thème de « l’abondance végétale » ! Une manière de nous alerter sur la fragilité de la Création comme aussi de nous inviter à la contempler en vue de mieux la protéger.

Que notre prière se fasse plus attentive à toute cette réalité pour donner plus de place à l’être humain.

Père Christian

Dimanche 9 octobre 2022 – 28ème dimanche du temps ordinaire (C)

Rendre gloire à Dieu !

     Quand un enfant reçoit un cadeau, les parents lui apprennent à dire merci. Les récits de la guérison des dix lépreux (évangile) et du général syrien lépreux (première lecture) ont-ils pour but de donner une leçon de politesse ? Il y a de cela. Car être guéri de ce mal absolu qu’était la lèpre aux yeux des anciens méritait bien un déplacement de la part des bénéficiaires du miracle qui auraient dû venir remercier leur bienfaiteur. D’ailleurs, c’est ce que fait le général étranger, et aussi l’unique Samaritain du groupe des dix. Les neuf autres, des autochtones, sont moins polis !

Pourtant, au-delà de la politesse élémentaire, il y a une leçon plus profonde. Quand le Samaritain vient remercier Jésus, celui-ci réoriente cette marque de gratitude vers Dieu son Père : « les neuf autres, où sont-ils ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu. » De même, le prophète Élisée n’accepte pas de cadeau de la part de Naaman, mais il accepte que le Syrien emporte un peu de terre d’Israël pour offrir chez lui des sacrifices au Seigneur Dieu d’Israël. Quand il guérit les lépreux, Jésus voudrait que non seulement ils retrouvent la santé du corps, mais aussi qu’ils découvrent la foi qui sauve l’homme dans tout son être. Et une caractéristique essentielle de la foi, c’est de vivre dans l’action de grâce à l’égard de Dieu qui nous sauve.

Le chrétien ne devrait pas avoir pour état d’esprit habituel le dénigrement du monde qui l’entoure, mais d’abord une reconnaissance débordante envers Dieu qui sauve le monde. Et cette attitude du cœur le fait vivre dans le monde en rayonnant une joie intérieure en toute circonstance, même dans l’épreuve. Notre foi nous suggère de chanter malgré tout : « rendons gloire à notre Dieu, lui qui fit des merveilles ; il est présent au milieu de nous maintenant et à jamais. »

Extrait du Missel des dimanches

 

Dimanche 2 octobre 2022 – 27ème dimanche du temps ordinaire (C)

A vos souhaits !

     En juin dernier, après la messe et le repas de fin d’année, nous avons été invités à exprimer nos souhaits, et même nos rêves, pour l’année à venir. On peut d’ailleurs encore compléter cette liste sur le panneau situé à l’entrée de l’église. Mais il reste surtout à exaucer ces souhaits et à réaliser ces rêves !

Jésus nous dit aujourd’hui que si nous avions de la foi gros comme une graine de moutarde nous pourrions déraciner des arbres et les planter dans la mer. Voilà de quoi nous donner confiance… Tout en restant humbles, car Jésus nous rappelle juste après que nous ne sommes que de simples serviteurs : la puissance capable d’accomplir l’impossible c’est celle de Dieu qui agit en nous et par nous.

Chaque chrétien doit trouver sa place de serviteur. Dans sa famille, au service de l’épanouissement de chacun et de la concorde entre tous. Dans ses relations sociales, au service du bien commun et de l’attention aux plus fragiles. Au sein de son activité professionnelle, en veillant à rester dans un esprit de service et à ne pas transformer ses responsabilités en instruments de pouvoir. Dans ses actions politiques ou associatives, en s’engageant au service de la transformation de nos modes de vie pour que la Terre reste vivable et accueillante à tous. Au sein de notre Église, en nous rappelant que le pape lui-même est le « Serviteur des serviteurs » et que l’Église est d’abord au service de toute l’humanité, et particulièrement des plus pauvres, pour lui révéler l’amour de Dieu.

Dans notre paroisse il ne manque pas de possibilités d’exercer un service. Dieu compte sur chacun d’entre nous et personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à donner. Au service des jeunes ou des familles, au service de la catéchèse ou de la solidarité, au service de la liturgie ou de l’évangélisation, au service des personnes isolées, malades ou souffrant d’un handicap, au service de l’accueil ou de l’entretien des locaux paroissiaux, au service de la transfor-mation écologique. Chacun peut trouver ce qui convient à ses forces et à son charisme.

N’attendons pas d’être appelés… Avec confiance et humilité, seul ou avec d’autres, n’hésitons pas à nous manifester et à nous engager dans un service !

       Pascal Blavot

 

Dimanche 25 septembre 2022 – 26ème dimanche du temps ordinaire (C)

« Ils ont Moïse et les prophètes ! »

Peut-être sommes-nous comme le riche de l’Evangile de ce dimanche. Nous aimerions voir Jésus revenir sur terre en chair et en os pour nous dire ce qu’il faut faire pour avoir la récompense du Salut Eternel, accéder au Royaume de Dieu… Serait-ce le cas : nous serions capables de ne pas le reconnaître, de passer à côté…

C’est la demande formulée par le riche quand il voit le pauvre près d’Abraham dans le paradis. Il voudrait bien que quelqu’un y compris Lazare visite la famille du riche pour que tous reviennent à Dieu.

Avons-nous besoin de revenants pour nous mettre à la suite du Christ ? Non, le seul « revenant » c’est le Christ, Jésus Ressuscité ! Nous avons la Parole de Dieu, la parole de l’Eglise, l’enseignement social de l’Eglise… Nous avons le Pape François qui nous exhorte sans cesse à vivre l’Evangile… Bref, nous avons tout pour vivre à fond notre baptême.

« BÉNIR »

Bénir c’est dire du bien à Dieu de la personne qu’on lui présente. Ce dimanche, nous dirons du bien à Dieu des enfants qui seront parmi nous lors de l’eucharistie. Nous les bénirons avec leurs cartables et ce que cela représente : la connaissance, l’amitié avec leurs camarades de classe, leurs enseignants, leurs parents… Puissions-nous, nous bénir mutuellement !

Bénissons ceux et celles qui prennent des responsabilités pour aider les jeunes à grandir dans la foi, l’espérance et la charité. Bénissons ceux qui vont s’engager pour une nouvelle période avec Hiver Solidaire auprès des personnes de la rue. Bénissons aussi les étudiants du Foyer du 45 rue des Maraîchers pour les engagements qu’ils prennent parmi nous cette année.

« SOBRIÉTÉ HEUREUSE »

En cette nouvelle année ayons à cœur d’être attentifs aux besoins des uns et des autres. Que nous puissions inventer de nouvelles façons de vivre pour aller vers une « sobriété heureuse ». Sans tomber dans le radicalisme absolu de certains, restons lucides et faisons les bons choix pour que notre Maison Commune ne brûle pas avec le dérèglement climatique et sous la stupidité de guerres fratricides sans aucun fondement.

La sobriété heureuse c’est aussi le fait de mutualiser des projets pastoraux communs à nos trois paroisses du doyenné. Nous allons avoir des rendez-vous à ce sujet : rencontre des fiancés, spectacle « Au commencement le vert était dans la pomme », la confirmation des jeunes…

Bonne année pastorale à Saint Gabriel !

Christian Malrieu

Dimanche 18 septembre 2022 – 25ème dimanche du temps ordinaire (C)

Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent

     La presse ne cesse de révéler les scandales financiers, véritable cancer qui touche ou éclabousse, semble-t-il, mêmes les plus hautes personnalités de nos pays. Certaines affaires font « la une » pendant des mois. L’argent occupe plus de place dans les journaux que tout le reste : outre les scandales, on nous informe sur la situation de la bourse de New York, de Londres et de Paris, sur l’évolution du CAC 40 et sur la valeur de l’Euro par rapport au Dollar, sur l’existence des paradis fiscaux et sur les niches fiscales, sur le déficit budgétaire et celui de nos systèmes de protection Sociale… L’argent est aujourd’hui comme hier ce qui occupe la première place dans nos sociétés, aux dépens souvent de l’intérêt des personnes. Il y a toujours des riches qui s’enrichissent et des pauvres qui font les frais du système.

Dans l’évangile de ce jour, Jésus semble connaître tout cela. Et saint Luc est probablement l’évangéliste qui insiste le plus sur les avertissements de Jésus à l’encontre des riches. Souvenons-nous des passages qui sont seulement dans le troisième évangile : les malédictions qui font suite aux béatitudes (Lc 6,24-25), la parabole du riche insensé (Lc 12,16-21), la parabole du riche et du pauvre Lazare que nous lirons dimanche prochain (Lc 16,19-31), l’histoire de la conversion de Zachée qui le conduit à partager ses richesses : alors le salut vient dans sa maison (Lc 19,1-10).

À cela s’ajoute la parabole qui nous est proposée aujourd’hui. Le Seigneur nous a confié ses richesses en gestion. Et les « économes » que nous sommes auront à lui rendre compte. Dans ces conseils, Jésus personnifie l’argent et lui donne le nom araméen de « Mamonas ». La richesse ou l’argent peut donc devenir une idole et un maître. Jésus nous met  en garde. N’imitons pas le comportement de ce gérant qui servait deux maîtres : Dieu et Mamon. Il a été contraint de choisir. En voulant à la fois être au service de son Seigneur et faire du profit pour lui-même, il est devenu « injuste » en n’étant pas « fidèle » à la mission qui lui avait été confiée. Le disciple de Jésus doit apprendre à être fidèle dans la gestion du Mamon injuste. On ne doit pas devenir injuste dans la gestion de l’argent mais rester intègre et fidèle. Or le mot « fidèle » renvoie aussi à la foi. Celui qui est disciple de Jésus a foi en lui et ne peut donc pas avoir d’autre Maître, d’autre Seigneur. Le disciple de Jésus se doit donc d’être « fidèle » en tout à son Seigneur : dans son adhésion comme croyant et dans la droiture de sa conduite.

Luc Schweitzer, ss.cc.

Dimanche 11 septembre 2022 – 24ème dimanche du temps ordinaire (C)

La joie naît du pardon

    Les textes de ce jour nous parlent du pardon qui fait jaillir la joie. Dans les premiers versets de l’évangile, Jésus emploie cinq fois le mot joie et ses composés ! Ce qui est frappant, c’est que la joie se partage : « Réjouissez-vous avec moi ! » disent le berger, puis la femme de la parabole. Les adversaires de Jésus font le contraire : ils récriminent contre lui à cause du bon accueil qu’il réserve aux pécheurs. Y voient-ils de la complicité, du laxisme ? Mais Jésus parle de la joie des anges pour un seul pécheur qui se convertit, donc se détourne de son péché.

C’est précisément ce qui est arrivé à Paul (2ème lecture). De persécuteur, il est devenu apôtre, prédicateur de l’évangile ! Or Paul, loin d’avoir honte de son passé, n’hésite pas à proclamer, et avec quelle gratitude, comment le Seigneur est intervenu dans sa vie. Paul a autant de joie à proclamer le pardon reçu que Dieu en a eu à le donner ! Et là encore, cette joie se partage. Car si Paul parle de lui, ce n’est pas pour se mettre en avant, c’est pour inviter les croyants à recevoir, eux aussi, le pardon qui fait vivre. Il est un exemple, un modèle et en un sens une preuve de la puissance de la grâce. Nous aussi, nous pourrions avoir honte de ce que nous sommes, mais réjouissons-nous au contraire d’être des pécheurs pardonnés, invités à partager cette eucharistie.

 

Dimanche 4 septembre 2022 – 23ème dimanche du temps ordinaire (C)

Fin de l’abondance ; sobriété énergétique… et rentrée scolaire

     En cette rentrée 2022 nous avons un besoin impératif d’optimisme et de lucidité pour ne pas sombrer dans le catastrophisme tous horizons.

     « Forts des grâces reçues dans les œuvres pastorales de l’été et dans le repos, nous reprenons le temps ordinaire de la mission dans nos différents lieux communautaires. Demandons au Christ au cours de cette année de devenir des chercheurs encore plus assoiffés de son Cœur pour en recueillir les grâces comme des torrents d’eau vive et d’amour ». Fr Quentin

Optimisme

En salle Paul VI au Vatican, ce vendredi 26 août, le Pape François a reçu les servants d’autel de l’hexagone, qui concluent leur pèlerinage national entamé le 22 août dans la ville Éternelle. Le Saint-Père a remercié les 2500 jeunes filles et garçons, originaires de 51 diocèses de France, pour leur engagement concret au service de l’Évangile. Réjouissons-nous !

Plusieurs rassemblements ont eu lieu dans l’Hexagone.

Je note particulièrement Lourdes qui a retrouvé la foule des pèlerins et son spectacle : « Bernadette ». Après beaucoup d’inquiétudes, pour cause de pandémie, les pèlerins sont revenus.

Pour y avoir passé une semaine début août, le sanctuaire de Notre Dame de la Salette a fait le plein. Sans oublier d’autres lieux « ressource spirituelle », nous pouvons nous réjouir de tout cela.

Quel avenir ?

Et maintenant en ce temps de rentrée soyons lucides pour vivre au mieux les jours et les mois qui viennent. La guerre en Ukraine n’est pas terminée, loin de là, semble-t-il.

Cet été, j’ai rencontré, à plusieurs endroits, des Ukrainiens accueillis chez l’habitant ou dans des presbytères mis à leur disposition par la communauté chrétienne ou la mairie…

« Fin de l’abondance, sobriété éner-gétique… » nous rappellent certains politiques.

Des propos qui ne nous rassurent pas. Soyons lucides, cela peut bien se passer ainsi. Nous avons certainement abusé de ce que nous donne la terre, l’air, les océans…

Conflits, dérèglement climatique et pandémie viennent nous rappeler la fragilité de notre existence. Cette fragilité nous en sommes, pour une part, responsables. (cf. Laudato Si) Nous devons nous saisir de cette situation pour rendre notre « Maison commune » plus habitable.

Je souhaite que durant cette nouvelle année nous puissions, dans les divers lieux de vie pastorale, poursuivre la dynamique synodale entreprise l’année écoulée. Faisons progresser notre Église vers plus de simplicité et plus de participation avec toutes les générations.

Profitons des prochains rendez-vous de notre calendrier paroissial pour renforcer notre Foi à la suite du Christ.

Bonne rentrée à chacune et à chacun de vous en pratiquant la sobriété heureuse !

Christian Malrieu

 

Dimanche 26 juin 2022 – 13ème dimanche du temps ordinaire (C)

Entendre un nouvel appel

Nous sommes à la fin d’une année pastorale pour l’Église, à la fin d’une année scolaire pour le monde enseignant et pour les jeunes, à la veille des vacances pour un certain nombre. En cette période, nombreux sont ceux qui devront répondre à un nouvel appel, envisager un changement d’orientation ou de responsabilité. Laissons l’évangile d’aujourd’hui nous interpeler

Nous réveiller

Mais comment comprendre les paroles si étonnantes, voire choquantes de Jésus ? Comment expliquer le ton de Jésus prononçant ces paroles. Les paroles de Jésus ? Il ne faut pas les interpréter au pied de la lettre. On a tous compris que Jésus ne veut pas dicter des conduites pratiques du style : il ne faut plus aller enterrer ses parents… Ces formules très fortes ne sont pas des règles de conduite. Je pense à d’autres paroles qui font sursauter : « Si ton œil te scandalise, arrache-le. Si c’est ta main, coupe-la. » Ce ne sont pas des ordres à exécuter. Mais des formules à l’emporte-pièce pour nous réveiller.

Jésus : promesse de bonheur

Toute la prédication de Jésus n’est que bonne nouvelle et promesse de bonheur. Mais il a rencontré un obstacle majeur chez les hommes de son temps, de même qu’il rencontre aujourd’hui le même obstacle majeur chez nous. Cet obstacle, c’est notre dureté de cœur. Alors Jésus essaye de toutes les manières d’entamer cette dureté, de briser cette croûte de nos cœurs. Nous sommes durs d’oreille, pas étonnant que Jésus élève le ton pour nous réveiller de notre somnolence. Le monde est dur. Alors Jésus insiste : « Malheur à celui qui méprise ou scandalise un de ces petits. » Et les petits ce sont les pauvres de ce monde, les réfugiés, les sans travail…

Nous ne sommes pas des femmes et des hommes du passé

Tous nous sommes appelés à prendre avec courage la route de Jérusalem. Route du don et du pardon. Chemin de liberté. Nous ne sommes pas des femmes et des hommes du passé, mais nous sommes résolument tournés vers l’avenir, tous appelés à la liberté. Les vacances pour ceux qui peuvent en prendre sont un temps libre. Puissent ces mois d’été nous faire grandir dans cette liberté-là.

Tournés vers l’avenir

En ce dimanche de fin d’année pastorale, nous voulons rendre grâce pour tout le vécu dans nos équipes diverses. Mais aussi, nous souhaitons poser les jalons d’une nouvelle année pastorale. Ce sera le but de nos prises de paroles au cours du pique-nique dans les salles paroissiales. Ne restons pas uniquement que sur ce qui existe comme propositions, osons en faire de nouvelles pour répondre mieux aux attentes des uns et des autres.

Bel été et bonnes vacances !

Christian MALRIEU

Dimanche 19 juin 2022 – Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ (C)

Christ présent au monde

     Ce dimanche, encore tout illuminés de la lumière de la Résurrection, pleins de la force de l’Esprit de Vérité reçu à la Pentecôte, dans l’intimité de la Sainte Trinité vers laquelle nous avons été orientés dimanche dernier, nous faisons retour sur le Jeudi Saint et le mystère de l’Eucharistie. Dans le signe du pain et du vin offerts, livrés, partagés, consommés ensemble, Christ veut se rendre présent au monde, pour nourrir chacun. Ce sacrement est le mode éminent de sa sollicitude pour l’Église et l’humanité entière : il offre la vraie nourriture, celle qui rassasie pour toujours, celle qui apporte à l’homme la vie éternelle et lui permet de participer à la Résurrection, la victoire sur toute mort.

On ne finira jamais de méditer sur l’Eucharistie et sur ses conséquences dans notre vie concrète. On n’a pas le droit de croire avoir tout compris. Elle est toujours nouvelle. Car la présence que nous fêtons n’a rien de statique. Si Christ se rend réellement présent durant la messe, ce n’est pas seulement pour que nous puissions le contempler plus ou moins passivement. Il s’offre au Père pour que nous puissions offrir notre vie en communion avec lui. Il se donne en partage, pour que nous puissions communier à sa vie. Il nous dit de faire la même chose en mémoire de lui : qu’est-ce à dire ? Seulement célébrer des rites commémoratifs ?

La vie que nous recevons dans l’Eucharistie est faite pour être distribuée à la foule. Offrir notre vie en sacrifice au Père avec le Christ ne s’arrête pas à la messe du dimanche. Chaque semaine nous venons communier au Christ réellement présent pour fortifier notre union au Christ dans la foi et le baptême, mais aussi pour nous rappeler que nous sommes le Corps du Christ présent dans le monde. Donc comme le Christ, en son Nom que nous portons, nous devons aller vers le monde et le rendre présent. Nous sommes la présence réelle du Christ ressuscité auprès des personnes que nous côtoyons.

Ce dimanche, des enfants de notre paroisse communient au Corps du Christ pour la première fois. Ils ont pris le temps de se préparer, ils sont accompagnés par des parents et des catéchistes. Prions pour que cette étape sur leur chemin de foi soit, pour chacun d’eux, un encouragement à poursuivre inlassablement leur quête de Dieu dans l’amour du prochain. Que ce rendez-vous avec Jésus Eucharistie se renouvelle tout au long de leur vie !

Luc Schweitzer, ss.cc.

Dimanche 12 juin 2022 – La Sainte Trinité (C)

Sainte Trinité : Un dieu de relations et d’amour

     Lorsqu’un nouveau-né arrive dans une famille, il sent d’abord autour de lui une affection et une tendresse diffuse. Ce n’est que peu à peu qu’il donne à cet amour qui l’entoure des noms : papa, maman, les prénoms de ses frères et sœurs…

Nous suivons, nous croyants, un chemin identique. Nous nous sentons entourés d’un amour et d’une tendresse diffuse et anonyme. Et peu à peu nous discernons dans cet amour des visages et nous balbutions les noms de Père de Fils et d’Esprit Saint.

C’est le mystère de la Sainte Trinité : un amour tellement riche qu’on n’a jamais fini de le connaître, jamais fini d’en faire l’expérience.

La découverte que Dieu est Père, Fils et Esprit n’a pas été le fruit d’un raisonnement. C’est l’expérience histori­que et progressive que, sous la pression des événements, les apôtres et les premiers chrétiens ont faite. Peu à peu ces mots-là se sont imposés à eux. Ils n’ont pas pu dire les choses autrement. Et celui qui étudie de près le Nouveau Testament peut y redécouvrir les grandes étapes de cette révélation.

Cette découverte – la plus grande de tous les temps – chaque génération de chrétiens en poursuit l’exploration méthodique. Jadis on aimait l’expression « Un seul Dieu en trois personnes ». C’était dire que Dieu échappe à toute définition, qu’il dépasse toute mathématique, qu’il est au-delà du singulier ou du pluriel, du masculin ou du féminin. Bref, que les cerveaux et les mots sont trop petits quand il s’agit de Dieu. Saint Augustin, qui a écrit des centaines de pages (au minimum !) sur la Trinité, disait avec humour : « On dit trois personnes- moins pour dire quelque chose que pour ne pas se taire ! »

Aujourd’hui on est peut-être plus sensible à l’aspect dynamique du mystère. La Trinité nous renseigne sur notre humanité. Nous y découvrons la légitimité de nos diversités et la certitude qu’il existe un fond d’unité plus grand que nos divisions. Nous nous rendons compte que nous ne sommes jamais deux mais trois : il y a toujours un avenir, un ouvrage, un enfant au-delà de nous… Surtout, nous savons que nous avons besoin d’être guidés vers la vérité tout entière et nous pressentons qu’elle n’est donnée que dans la communion d’un amour absolu.

L’Évangile d’aujourd’hui nous oriente vers cet avenir. L’Esprit de vérité « redira tout ce qu’il aura entendu et ce qui va venir il vous l’expliquera… Il reprendra ce qui vient de moi pour vous l’expliquer ».

Nous sommes en chemin. Comme les jeunes qui font leur « profession de foi » en ce dimanche : comprennent-ils tout le sens du Credo de l’Église ? Peut-être pas, comme nous d’ailleurs ! Ils sont autant en chemin pour dire leur foi que pour en vivre tous les jours. Dieu est relation, Dieu est amour. Toute notre doit vie être cela.

Christian Malrieu, d’après le guide « Emmaüs » des dimanches et fêtes.

 

Dimanche 5 juin 2022 – Fête de la Pentecôte (C)

Prière à l’Esprit Saint

Esprit Saint, toi qui es depuis toujours le maître de l’impossible,

viens réaliser en nous tout ce qui t’est possible :

fais revivre ce qui meurt, fais éclore ce qui germe,

fais mûrir ce qui est tombé en terre.

Sois en nous l’Esprit du Père :

viens nous convaincre de donner notre vie

et de collaborer au grand œuvre de la création,

de la terre à transformer aux terres à partager entre tous.

Sois en nous l’Esprit du Fils :

viens nous apprendre à passer par la Croix

pour ouvrir le chemin de ton Royaume

et à vivre dans la confiance les épreuves comme les joies.

Sois en nous l’Esprit de sainteté,

qui nous initie aux mœurs de Dieu,

à la générosité du Père, à la fidélité du Fils,

et aussi au courage des apôtres et à la louange de Marie.

Sois en nous l’Esprit qui fait sans cesse une humanité nouvelle,

qui recrée nos libertés quand elles se défont,

qui maintient l’espérance au cœur même des violences,

qui ne désespère d’aucune personne,

pas même de ceux et celles qui n’attendent plus rien de Dieu.

(Mgr. Claude Dagens)

 

Dimanche 29 mai 2022 – 7ème Dimanche de Pâques (C)

Garder l’unité

« Qu’ils soient un en nous pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Au cœur du dernier discours de Jésus vient le mot « unité ». Et la prière de Jésus se fait pressante, insistante. Car, il le sait, l’unité est toujours fragile, toujours menacée par les multiples tentations de la division. Mais vivre unis aux autres et vivre unis au Christ et à son Père par l’Esprit, c’est l’enjeu de notre vie chrétienne.

Il n’y a pas besoin de chercher longtemps pour trouver de bonnes excuses aux divisions. Que ce soit dans l’Eglise ou dans la société ou même dans nos familles ou nos réseaux de relation, nos sensibilités, nos points de vue, nos engagements, nous conduisent dans des directions diverses, parfois antagonistes. Le monde contemporain, avec sa propension à relayer le pire à la une des médias, nous soumet à une pression encore plus forte et, dans certains cas, dévastatrice.

Revenons donc à Jésus lui-même, à sa prière dite à la veille de sa Passion, pour surmonter tous les facteurs de division. Il invite au don total de soi-même au nom de l’Evangile. Comme le fit Etienne qui, à la suite de son Seigneur, a été jusqu’au bout du don de sa vie. Habités par l’Esprit, plus notre vie sera offerte, plus il nous sera aisé de garder le trésor de l’unité. Toutes les multiples raisons de se diviser ne comptent plus en regard de l’amour infini du Père offert à chacun.

En paroisse et dans tous les lieux où nous formons communauté, en famille, avec nos collègues de travail, dans la vie associative, dans nos lieux d’engagement, soyons artisans de l’unité que Dieu désire pour chacun et pour le monde !

Luc Schweitzer, sscc.

Dimanche 22 mai 2022 – 6ème Dimanche de Pâques (C)

« L’Esprit viendra… Il vous enseignera tout. »

    Oui, cet Esprit est venu sur nous le jour de notre baptême, sur l’Église aussi. Il est à l’œuvre, comme Jésus l’a promis. Mais il nous faut encore l’appeler, l’invoquer, l’attendre. Car nous n’avons pas encore consenti à ce qu’il fasse craquer toutes nos barrières, nos peurs. Alors même que nous nous réclamons de Jésus. Nous nous rassemblons autour de son souvenir, nous continuons sans nous en rendre compte à nous enfermer en nous-mêmes, en nos structures. Nous tenons tant à nos sécurités, à nos certitudes ! Nous croyons avoir l’Esprit, et il est déjà plus loin, il nous attend dehors !

Mais, en chacun de nous comme en son Église, l’Esprit vient nous relancer et nous dit « en avant », comme aimait souvent dire Sœur Emmanuelle « Yalla ! ».

Le monde nous est ouvert. Nous pouvons marcher sans peur. Avons-nous un instant l’impression de perdre Jésus ? L’Esprit nous le fera retrouver dans nos frères où le Seigneur nous attend au rendez-vous de l’amour.

Aujourd’hui dimanche 22 mai nous recevons la réflexion d’au moins 6000 remontées au sujet de la démarche synodale, et cette réflexion n’est pas finie ! Espérons que cela orientera de nouveaux chemins d’Évangile pour aller à la rencontre et accompagner celles et ceux qui cherchent un nouveau sens à leur vie.

Demain lundi nous accueillerons notre nouvel archevêque, Mgr Laurent ULRICH, notre nouveau pasteur pour l’Église qui est à Paris. Il nous guidera sur ces « chemins nouveaux ». Déjà, portons-le dans notre prière.

Jeudi prochain nous fêterons l’Ascension du Seigneur. Il ne nous a pas laissés orphelins mais il nous a remis la mission de l’annonce de la Bonne Nouvelle à la suite des apôtres. Quelle belle mission !

Christian Malrieu

Dimanche 15 mai 2022 – 5ème Dimanche de Pâques (C)

Aimer comme Jésus nous a aimés !

Dans l’évangile des dimanches précédents, on a vu comment Jésus interroge Pierre à trois reprises en disant : « M’aimes-tu vraiment ? »  L’évangile de ce jour apporte un éclairage nouveau sur ce qu’est pour Jésus, l’Amour. Jésus ne demande pas que nous l’aimions comme il nous aime. Il nous demande de nous aimer mutuellement afin que tous reconnaissent que nous sommes ses disciples. Il ne s’agit plus « seulement » d’aimer son prochain comme soi-même, mais de l’aimer comme Jésus l’aime. Mission impossible ?

Jésus nous demande d’aimer infiniment, d’aimer sans mesure, d’aimer jusqu’à choisir la vie de l’autre plutôt que notre propre vie. Car aimer « comme » Jésus nous a aimés, c’est aimer jusqu’au bout , jusqu’à accepter de mourir au nom de cet Amour. Ainsi donc, le mal et la mort n’ont pas le dernier mot de notre vie. Avec Lui, le don de soi par amour est et sera toujours victorieux de tout mal et de toute mort, comme le dit le livre de l’Apocalypse : « Dieu sera avec eux, il sera leur Dieu ; il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus ; il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur ».

     « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour », chante le psaume. Consoler, pardonner, relever, donner de l’espérance : voilà l’Amour de Dieu que Jésus a vécu en acte tout au long de sa vie et qu’il nous invite à vivre encore aujourd’hui. C’est comme si Jésus nous laissait son testament spirituel : tout l’Evangile est là ! Être chrétien, disciple de Jésus, vivre notre baptême, c’est « Aimer comme Jésus nous a aimés » ; voilà le Cœur de notre foi.

Dans l’Eucharistie, Jésus se donne encore aujourd’hui, mystérieusement mais réellement. Fortifiés par Son Amour et par la force de Son Esprit, nous sommes les témoins du Ressuscité, présent au milieu de nous, pour offrir au monde cette Vie Nouvelle qui vient du Cœur de Dieu.

Dimanche 1er mai 2022 – 3ème Dimanche de Pâques (C)

Suivre le Christ par amour…

     Aujourd’hui, dans l’évangile de Jean, nous contemplons l’œuvre du Seigneur dans la mission des apôtres. L’évangéliste précise que c’est la 3ème apparition de Jésus ressuscité à ses disciples. Le chiffre trois nous signifie l’importance de l’événement. Tout comme le nombre sept des disciples dans la barque. Ce sont des chiffres de plénitude. On peut y voir la portée universelle de la mission apostolique. On pourrait aussi le compléter par le nombre 153, celui des poissons recueillis dans la barque ; il s’agirait, selon un commentaire de saint Jérôme, du nombre des espèces de poissons connues à l’époque. Tous les peuples de la terre sont appelés à entrer dans la barque des Apôtres.

Voilà en tout cas une pêche qui ne serait pas féconde sans la présence et la parole efficace de Jésus. Lui seul donne sens à toute l’activité missionnaire de l’Église. Il en est la source et l’aboutissement. Il envoie les disciples vers les hommes pour que les hommes viennent à Lui. L’Église n’a pas d’autre raison d’être que celle d’évangéliser. Elle vit du Christ qui prend soin d’elle, lui donne force et la nourrit. Et l’on peut voir, dans ce repas pris sur le rivage, l’image de l’Eucharistie « source et sommet de toute la vie chrétienne ».

Puis vient à nouveau le nombre trois dans la question de Jésus à Simon-Pierre : « M’aimes-tu ? » – Aimer le Christ est la condition essentielle et préalable à toute charge pastorale, à tout effort d’évangélisation. La mission n’est pas d’abord une affaire d’enseignement ou d’administration. Elle se déploie dans la relation personnelle au Christ. C’est ce que demande Jésus, par trois fois, à l’Apôtre, pour lui dire enfin : « Suis-moi. »

Et partant de là, les Apôtres avec l’aide de l’Esprit Saint, et tous prendront la relève après eux, seront témoins de la Résurrection du Seigneur ; ils seront fiers de parler au nom de Jésus et, malgré les persécutions, ils repartiront tout joyeux d’avoir été dignes de subir des humiliations pour le Nom de Jésus.

 

Dimanche 24 avril 2022 – Dimanche de Pâques (C)

40 jours pour apprendre à croire…

     Nous voici dans le temps de Pâques. Pendant 40 jours nous allons vivre au rythme des disciples qui vont passer de la peur à la paix, de l’enfermement à la « sortie » pour être témoin. C’est le temps où le ressuscité rencontre ceux qu’il a appelés comme disciple pour les réconforter les affermir dans leur foi. C’est le temps de la germination et de la croissance pour la première communauté chrétienne. C’est le temps où tout est déjà donné et où rien n’est pleinement saisi et compris. C’est le temps où avec la résurrection du Christ tout est accompli, mais aussi où tout reste à faire.

Après 40 jours, à l’Ascension, en quittant ses disciples Jésus leur rappellera qu’il est venu pour sauver et donner la vie en abondance et il leur confiera une mission : « c’est à vous d’en être les témoins ».

Nous voyons aussi que le ressuscité nous devance, il prend l’initiative. Il se manifeste dans une salle verrouillée pour nous rappeler que sa présence habite toutes choses. Il est bien vrai que cette présence nous échappe, on ne le rencontre pas quand on veut. Cette image éclaire notre situation : le Christ habite notre monde, mais nous avons du mal à discerner sa présence et son action.

Nous sommes au temps de croire, mais sans voir. L’évangile nous donne des témoignages. Marie-Madeleine rencontre Jésus sans le reconnaître, les disciples d’Emmaüs doivent marcher longtemps avec le ressuscité et ils ne le reconnaîtront qu’à la fraction du pain, mais lui aura disparu de leurs yeux. Pierre et ses compagnons reconnaîtront le ressuscité après une pêche infructueuse en faisant confiance à Celui qui leur dit « jetez vos filets de l’autre côté ». Thomas demandera à Jésus de montrer ses plaies pour croire. Il devient notre jumeau dans notre difficulté à croire. Mais c’est bien Jésus qui se déplace pour se rendre présent au milieu des disciples réunis avec Thomas.

Ce dimanche est aussi le dimanche de la miséricorde. Le ressuscité réconforte les disciples. Par 3 fois dans l’évangile il leur dit « la paix soit avec vous » Jésus le miséricordieux vient réconcilier en nous tout ce qui a été blessé détruit dans notre relation d’amour. Cette miséricorde vient guérir en nous tout ce qui est obstacle à la paix à la rencontre de Dieu, à la rencontre de l’Autre. C’est la source de notre joie de croire et de vivre en disciples du Ressuscité.

Christian Flottes, ss.cc

Dimanche 17 avril 2022 – Dimanche de Pâques (C)

La résurrection, c’est aujourd’hui !

     Pâques, fête de la Résurrection du Christ. Quand Marie-Madeleine s’empresse d’aller au tombeau le matin de Pâques, que peut-elle méditer en son cœur sinon la tristesse des événements qui se sont déroulés ? Jésus, le Bien-Aimé, a souffert, il est mort, il est mis au tombeau. « C’était encore les ténèbres », nous dit le texte de saint Jean. Y a-t-il place en son cœur pour autre chose que la peine, si ce n’est pour le désespoir ? Et dans le cœur de Pierre ? Et dans celui de Jean ? Mais voilà : la pierre qui fermait le tombeau a été roulée et, à l’intérieur, il n’y a plus trace du corps. Et Jean crut aussitôt, laissant entrer en lui la grâce qui fait les cœurs nouveaux, qui change l’homme triste et abattu en homme déjà ressuscité, re-né, transformé dans tout son être. Pour Marie-Madeleine et pour Pierre, ce sera plus long, mais cela se fera.

Et pour nous ? Y a-t-il place en nos cœurs pour la joie de Pâques, pour l’espérance de femmes et d’hommes déjà ressuscités ? En nous aussi, ou autour de nous, ce sont encore des trop-pleins de ténèbres. Notre monde qui s’abîme de plus en plus sous les coups des pollueurs. Les violences qui se multiplient et engendrent des flots de réfugiés. Les peurs qui grandissent et qui font se lever les spectres de la méfiance, si ce n’est de la haine. La guerre en Ukraine avec sa succession d’horreur. Une Europe qui se retranche de plus en plus derrière des murs et des barbelés. Des politiques qui, de plus en plus, s’affirment en jouant la carte du rejet d’autrui. Et l’Eglise elle-même prise dans des tourmentes de scandales qui la défigurent.

En venant fêter Pâques, que portons-nous en nos cœurs ? Le poids des souffrances du monde et l’emprise de trop de ténèbres ? Ouvrons-les néanmoins, nos cœurs ! Ne nous laissons pas emprisonner par les craintes ? Le Christ est ressuscité, il nous engage à le suivre, il fait de nous des êtres nouveaux bénéficiant déjà de la résurrection. Les baptisés de Pâques, adultes, jeunes, enfants, nous confortent sur ce chemin. Oui, Jésus est le Vivant. Oui, il nous veut vivants avec lui et porteur de vie divine pour notre monde. Que les lumières de Pâques brillent dans nos cœurs et dans nos yeux ! Ne nous décourageons ! Christ est pour toujours notre lumière !

Luc Schweitzer, sscc.

 

Dimanche 10 avril 2022 – Dimanche des Rameaux (C)

« Un triomphe ambigu ; un échec apparent ; la victoire définitive de l’amour »

Malentendu

L’Entrée triomphale à Jérusalem est la journée par excellence du « malentendu ».

Pour les apôtres, c’est enfin l’accomplis-sement de ce qu’ils espéraient. Jésus prend possession de la ville royale, de la ville sainte. Il va inaugurer le Royaume, leur royaume.

Pour Jésus, c’est tout autre chose. À quelques disciples il a donné des « indices » pour comprendre ce qui se passe à ce moment-là : la Transfiguration en est un.

Le Royaume, selon Jésus

Au-delà du succès apparent, Jésus voit l’avenir, son rejet par les chefs religieux du Temple, sa condamnation. Oui, il vient bien inaugurer le Royaume ; mais celui de Dieu, non celui des hommes ; il est bien le Messie mais pas celui attendu.

Celui-ci était le Fils de Dieu

Ce Royaume ce sera celui qu’un soldat romain, bouleversé, découvrira au pied de la Croix. Devant un homme mort, abandonné de tous, il reconnaîtra soudain l’affirmation triomphante de l’amour. Il confessera « Vraiment celui-ci était le Fils de Dieu »

Dimanche des Rameaux ou dimanche de la Passion ?

Traditionnellement nous avions le dimanche des Rameaux et le dimanche de la Passion. La réforme liturgique des années 60 a uni ces deux dimanches en un seul tout en gardant les deux évangiles : celui de l’entrée de Jésus à Jérusalem et celui du récit de la Passion.

On peut manipuler les foules, mais pas le cœur de Dieu

En quelques heures nous passons du triomphe à l’accusation, de la liesse à la mort de Jésus sur la croix. On peut toujours manipuler les foules, mais pas le cœur de Dieu. De grâce, ne nous arrêtons pas en chemin comme ont failli le faire les disciples d’Emmaüs. Osons croire que Jésus de Nazareth est bien ressuscité au matin de Pâques.

Croyons en l’amour plus fort que toutes les morts !

Cette Semaine Sainte, venons méditer et célébrer cette « victoire définitive de l’amour sur la mort, sur toutes les morts ! ». En ce temps bouleversé par la guerre et la violence recevons le témoignage de Jésus défiguré sur la croix, comme le signe éclatant du don total transfiguré au matin de Pâques dans sa résurrection.

Père Christian Malrieu

 

Dimanche 3 avril 2022 – 5ème dimanche de carême (C)

Va, et désormais ne pèche plus !

     La vie humaine n’est pas un long fleuve tranquille. Elle est faite d’épreuves alternant avec des périodes plus sereines. Épreuves causées par les hommes : guerres, oppressions, abus de pouvoir, exploitation des enfants, des femmes, des pauvres… Expériences causées aussi par le péché de chacun, qui peut avoir pour conséquence des maladies, du mal-être ou du gâchis dans nos relations… Mais rien n’est jamais définitivement perdu, car Dieu ne cesse de faire du nouveau…

 

Ainsi dans le cas de la femme adultère : les hommes la condamnent, mais le Fils de Dieu, lui qui est sans péché, ne la condamne pas. Il la renvoie, libre ; il lui donne une nouvelle chance ; il lui fait confiance en lui demandant seulement de ne plus pécher. La menace de mort disparaît ; le chemin d’une vie nouvelle s’ouvre désormais pour elle.

Tout chrétien est un pécheur pardonné. Ce pardon nous a été donné radicalement lors de notre baptême, qui est participation à la mort et à la résurrection du Christ. Dès lors, au cours de notre vie, nous pourrons vivre et interpréter nos épreuves comme une communion aux souffrances du Christ en sa passion ; et grâce à notre foi en son amour inconditionnel, nous pourrons nous relever et éprouver déjà la puissance de la résurrection du Christ.

St Paul nous le rappelle encore aujourd’hui : « une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus ». Voilà  l’itinéraire qui nous est proposé, alors que la Semaine sainte s’ouvre bientôt devant nous. L’Eucharistie que nous célébrons nous donne aussi des forces neuves pour poursuivre notre course à la suite du Christ.

 

Dimanche 27 mars 2022 – 4ème dimanche de carême (C)

Guerre et paix

     Depuis plus d’un mois les bombes ravagent l’Ukraine avec près de 10 millions de réfugiés dans les pays voisins et même chez nous. Nous assistons à ce drame humain que nous pensions être relégué aux guerres mondiales du 20ème siècle en Europe. Nous nous sentons impuissants devant tant d’horreurs.

Heureusement que beaucoup se lèvent pour crier « non à la guerre ! » dans les deux camps. Des femmes et des hommes « courages » accueillent des familles entières chez eux, en Pologne, particulièrement. AÀ tel point qu’à Varsovie le maire vient d’en appeler à l’Etat car ce sont plus de 300 000 personnes qui arrivent de l’Ukraine. Les vivres vont commencer à manquer dans la capitale polonaise…

Mais les drames de la guerre continuent aussi au nord de l’Erythrée, au Soudan, au Yémen… et dans bien d’autres parties du monde. Nous voyons que les « ballets» diplomatiques ne suffisent plus à enrayer la machine de guerre ! Que faire ?

Le Pape François s’adresse au belligérants mais cela suffit-il ? Se sont des chrétiens orthodoxes, pour la plupart, qui s’entretuent ! Ce vendredi, en la fête de l’Annonciation du Seigneur, en la basilique Saint Pierre de Rome, le Pape François a présidé une célébration pénitentielle au cours de laquelle à 18h30 il a prononcé la consécration à Marie, de l’Ukraine et de la Russie. Prions avec lui en lisant l’acte de consécration que vous trouverez dans l’église.

Ce dimanche nous recevons la Parole de Dieu en St Luc avec la Parabole du Fils Prodigue. L’un ayant reçu sa part d’héritage il va tout dépenser sans compter… Il n’a plus rien à manger. Alors dans cette descente aux enfers il se souvient qu’il a un père.

L’autre frère qui n’a rien fait de mal voyant le retour de son frère et la fête qui est donnée en son honneur, devient jaloux et se met de facto hors du champ d’amour de son père.

Dieu-Père est ainsi. Il aime, sans calculer, ses filles et ses fils. Quand ceux-ci viennent à se détester il redouble d’amour et de miséricorde. Le Pape François demande à ce que l’on prie non seulement pour les Ukrainiens mais aussi pour les Russes. Cela peut nous surprendre quand on voit le champ de ruines. Nous aimerions que Dieu sauve le peuple martyr contre ceux qui ont déclenché ce massacre. Nous aimerions qu’il les sauve comme pour les Hébreux devant les chars de Pharaon…

Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’advienne la paix. C’est aussi une immense invitation à « balayer devant notre porte » et voir ce qui n’est pas porteur de paix en nous, entre nous, dans nos familles… entre voisins…

Espérons qu’un jour, le plus proche, les armes s’arrêteront et que Ukrainiens et Russes pourront à nouveau se visiter et s’entraider. On se souvient du « rêve » qu’avait fait Martin Luther King, ou du geste de pardon envers son bourreau de Maïti Girtanner. Il était venu la visiter 40 ans après… Elle écrivait «Même les bourreaux ont une âme » !

 

Christian Malrieu

Dimanche 20 mars 2022 – 3ème dimanche de carême (C)

Abus, guerres, violences… En quel Dieu croyons-nous ?

     En cette première journée de prière pour le personnes victimes d’abus dans l’Église (instituée désormais par l’Église de France chaque 3ème dimanche de carême) nous faisons mémoire de ces milliers de vie brisées par ceux-là mêmes qui se présentaient comme les représentants de Dieu sur terre. Quelle image de Dieu avaient ces prédateurs ? Quelle image de Dieu ont-ils malheureusement donné à voir à leurs victimes ?

Depuis près d’un mois la guerre en Ukraine a tué sans discernement des milliers de personnes innocentes, elle a contraint à l’exil des millions d’autres. Et, comme si cela ne suffisait pas, le patriarche orthodoxe de Moscou légitime spirituellement cette guerre au nom de la préservation de la foi. Mais de quelle foi s’agit-il ? Les morts, les exilés, le patriarche et ceux qui le suivent croient-ils au même Dieu ?

Au temps de Jésus des gens s’interrogeaient sur le massacre des Galiléens perpétré par Pilate. N’étaient-ils pas des pécheurs pour avoir subi un tel sort ? Ne seraient-ils pas des victimes de la justice divine ? Même chose pour ceux qui sont tués par la chute de la tour de Siloé. N’avaient-ils pas quelque chose à se reprocher ? N’étaient-ils pas plus coupables que ceux qui ont été épargnés ?

Jésus nous met en garde sur l’idée que nous nous faisons de Dieu et sur la tentation que nous avons de l’instrumentaliser pour justifier nos comportements. Il appelle à la conversion, faute de quoi « vous périrez tous de même » nous dit-il. Car si nous croyons en un Dieu bourreau des pécheurs qui frappe et qui châtie, alors nous mourrons dans la terreur de ce Dieu-là.

Dieu n’est jamais du côté de celui donne la mort. Il est l’ami des pécheurs. Il est celui qui « a vu la misère de son peuple et qui connaît ses souffrances ». Il est du côté de la vie, même quand tout semble perdu. Il est celui qui ne se lasse pas, celui dont l’amour « brûle sans se consumer ». Il est le vigneron qui va prendre soin patiemment du figuier desséché jusqu’à ce qu’il porte du fruit.

     Pascal Blavot

 

Dimanche 13 mars 2022 – 2ème dimanche de carême (C)

Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le !

     Saint Luc situe la scène de la Transfiguration sur une montagne qui n’est pas nommée, mais qu’on identifie aujourd’hui au Mont Thabor en Palestine. Ce n’est pas sans raison, car dans les Écritures la montagne est un symbole très présent pour marquer la proximité de Dieu. Elle est souvent le lieu où il se révèle comme lors de la remise des dix commandements à Moïse sur le mont Sinaï. Le décor choisi ici n’échappe pas à cette règle.

En montant avec Jésus sur la montagne, les disciples Pierre, Jacques et Jean sont prêts intérieurement à une rencontre. Celle-ci sera au-delà de toutes leurs attentes. On le voit par leur réactions : émerveillées, éblouis, comblés de paix, ils veulent seulement que ce moment s’éternise ; « Faisons trois tentes ». Ils réalisent aussi que celui qu’ils suivent depuis quelque temps n’est pas un jeune juif de Nazareth comme les autres. Non seulement, il est imprégné de l’histoire du peuple d’Israël comme ils le sont eux-mêmes, mais il se situe à un autre niveau où il prend le relais des grands prophètes qu’Élie représente.

L’éclat qu’ils perçoivent chez lui n’est pas seulement extérieur. La lumière qui les éblouit est celle d’une source intérieure. Ils ne peuvent en dire plus pour l’instant, mais ils resteront marqués à jamais par ce moment.

Les témoins de l’événement de la Transfiguration ont retenu l’essentiel : Jésus est le Fils-bien aimé du Père qui le donne à ses enfants pour leur salut ce que proclame la voix qui se fait entendre « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! ». La Transfiguration annonce, écrit saint Luc, le départ de Jésus « qui allait s’accomplir à Jérusalem ». Son départ, c’est le moment de la remise de sa vie à son Père que fera Jésus sur le Calvaire à Jérusalem. La vie tout entière de Jésus est une marche vers ce moment majeur où il offre tout ce qu’il est pour le salut de toute l’humanité. Ce faisant, Jésus accomplit en plénitude l’Alliance que Dieu a commencée depuis les jours d’Abraham.

Luc Schweitzer, ss.cc.

Dimanche 6 mars 2022 – 1er dimanche de carême (C)

Qu’il est long le chemin du véritable amour !

     Au cours de notre vie, que de paroles d’amour peuvent nous être dites sans que nous les entendions vraiment : L’enfant méconnaît ses parents, ses éducateurs. L’adulte ignore celui qui s’intéresse vraiment à lui.

Plus exactement, nous accueillons les paroles d’amour en fonction de notre désir centré sur nous-mêmes. Nous retenons leur contenu quand elles semblent nous parler de biens sensibles, de sécurité affective. Mais nous ne nous ouvrons que fort peu, ou pas du tout, au don gratuit, ne nous apportant aucun autre bien que l’amour lui-même, appelant notre propre élan du cœur. Il est vrai que les authentiques paroles d’amour sont rares. Trop souvent, elles couvrent le désir, la volonté de dominer, d’éblouir. Nous ne savons pas plus aimer qu’être aimé.

Pour y parvenir, il nous faut parcourir un long chemin, connaître bien des déceptions, des échecs. Il faut surtout que quelqu’un prenne l’initiative de nous initier à l’amour absolu, parce que lui-même a été saisi dans le rayonnement de cette force, incommensurable lorsqu’elle est désintéressée. Pour nous, celui-là, c’est le Christ. Il nous invite à le suivre sur la difficile route qui nous conduit à la véri­table rencontre.

Nous pourrions en douter, surtout quand la route devient fermée de toutes parts par la haine qui conduit à la mort. C’est ce à quoi nous assistons, impuissants devant la réalité de ce qui se vit en Ukraine ! Comment se frayer un chemin d’amour selon le Christ quand l’une des parties s’entête à détruire l’autre ? Comment sortir de l’impasse ?

Certains diront qu’il faut prier. D’autres qu’il faut négocier, parlementer !

Et si nous devions tenir les deux aspects en même temps : prière et pourparlers de paix ?

Ne nous décourageons pas devant les pièges « du Tentateur » comme l’a fait Jésus au désert. Dans l’Évangile de ce jour nous voyons que Jésus ne répond pas directement de lui-même mais il fait appel à sa foi en s’appuyant sur les Écritures : « Il est écrit… »

En ce début de Carême engageons-nous sur le chemin du véritable amour !

Christian Malrieu