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Rencontre de “Une question à la foi(s) du 5 février 2023

Rencontre de « Une Question à la Foi(s) » du 5 février 2023
Est-ce que tu sais ce qu’est la vraie rencontre ? Celle où celui que j’accueille me fait
grandir ?
Question posée Conrad, accueilli à St Gabriel dans le cadre d’Hiver Solidaire en 2020
Changer notre regard sur l’autre en 2023
Pourquoi ? Comment ?
Voici une proposition de synthèse de nos échanges.
Rappelons-nous d’abord que le regard que l’on porte sur l’autre, au sens propre, est culturel. Il
sera interprété différemment suivant les codes auxquels on se réfère. Dans les cultures où l’on
ne regarde dans les yeux que les personnes socialement « inférieures » par exemple, le faire
pourra être compris comme un manque de respect. A l’inverse, dans notre culture, ne pas
regarder l’autre face à face, ou dans les yeux est perçu comme irrespectueux.
Notre regard est empreint de nos préjugés et de nos projections.
Aussi le regard peut-il aider à vivre quand il est porteur de confiance et de bienveillance,
surtout dans des situations difficiles (ex : le regard du soignant sur le malade à l’hôpital) ou au
contraire « tuer » quand il est réprobateur, porteur de mépris, ou peut-être pire, quand il est
absent, que l’autre est juste transparent pour nous. Les fondateurs du Samu Social disaient que
les SDF étaient souvent invisibles…
C’est le regard qui crée du lien. Il peut aussi interroger l’autre (comme dans la chanson de
Marc Lavoine « elle a les yeux revolver »), le faire bouger.
On a évoqué aussi les regards désagréables des uns envers les autres, des cyclistes,
automobilistes, conducteurs de patinettes, dans les embouteillages…
Le regard que nous portons sur nos proches est naturellement chargé de projections et
d’imagination. On voit généralement dans nos enfants ce que nous voudrions qu’ils
deviennent, quitte à faire peser sur eux une pression. Il conviendrait sans doute de se
positionner davantage en retrait, d’accueillir avec une confiance sans cesse renouvelée ce
qu’ils sont en réalité. Cela suppose un apprentissage, une vigilance, et de faire une sorte de
deuil de l’image que nous nous étions forgée. Accepter le cas échéant le rythme que l’autre
souhaite donner à la relation. Dans certains cas, il faudra peut-être se voir plus rarement,
quitte à en ressentir, au-delà de la douleur, une blessure.
Reconnaissons néanmoins qu’il est plus difficile d’accueillir tels qu’ils sont, sans jugement,
ceux qui perturbent notre tranquillité, paraissent nous manquer de respect, ou nous font du
mal.
« On est là pour vivre ensemble ! A chacun de faire des efforts et pas toujours du même
côté. »
Cela peut être difficile avec ceux pour lesquels nous nous sentons impuissants à les aider. Ou
ceux avec lesquels nous sommes en complet décalage ou même en conflit.
Et que dire de celui qui met les autres en danger par son comportement ou ses actions !
Et que dire encore de celui qui aurait commis meurtre, viol, abus, etc. Et pire encore, si c’était
au préjudice de nos propres enfants…
S’ensuit alors dans le groupe l’évocation d’affaires judiciaires graves, vécues
professionnellement par certains du groupe, avec la lancinante et délicate question
évangélique : Celui-là, l’agresseur, reste-t-il tout de même mon frère ?
« Nous sommes tous frères en humanité », cela ne signifie évidemment pas que nous devons
tout accepter des autres. Ensuite, à quel moment éventuellement deviendrait-il possible ou pas
d’oser un chemin vers le pardon ou la rencontre ?
Dans nos vies ordinaires, acceptons-nous de nous laisser enrichir par l’autre que nous
rencontrons. Se centrer sur l’autre plutôt que sur soi-même. Accueillir l’autre tel qu’il est
plutôt que tel que l’on aurait voulu qu’il soit.
Un accueilli de l’opération « Hiver Solidaire » disait un jour : « pour moi la vraie rencontre,
c’est celle dans laquelle je me dis que l’autre va me faire grandir !,,, »
On cite alors dans le groupe l’Évangile des disciples d’Emmaüs : Un simple geste (fraction du
pain) et un regard qui vont tout changer.
Des pistes simples pour avancer :
– Commencer par reconnaître la présence, le travail de l’autre. Accorder un regard à
l’agent de sécurité, à l’agent de ménage, au SDF ; placer un petit mot sur le compteur
le jour à l’on sait qu’il sera relevé.
– S’autoriser l’écoute véritable (quand l’autre parle, ne pas se préoccuper d’abord de la
réponse que l’on va lui apporter)
– Être attentifs aux autres au sein de la communauté de St Gabriel
– Aller vers les autres
– Sourire à son voisin à l’arrivée dans l’église pour la messe.
– S’appuyer sur l’art pour nous aider à comprendre l’autre, les autres : cinéma,
littérature, peinture…
– Accepter aussi certains jours de ne pas être en état, pour mieux s’y atteler dès que l’on
va mieux.
Intention de prière lue, au nom des participants, dans le cadre de la prière universelle de la
messe de 18h qui a suivi cette rencontre :
Fais grandir en nous, Seigneur, le désir de fraternité. Accepter l’autre tel qu’il est et non
tel que nous voudrions qu’il soit, dans le cadre du respect du vivre ensemble